Ravi très tôt, à l'âge de 55 ans, aux siens, à sa région et surtout à sa culture qui avait encore besoin de lui, Rachid Aliche était romancier, producteur d'émissions de radio et également auteur de plusieurs ouvrages didactiques de langue amazighe, membre du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) à sa création et aussi directeur de l'Enag. Le signataire de l'acte de naissance du roman en kabyle, Rachid Aliche, a eu droit, avant-hier, à un vibrant hommage, organisé à l'initiative de l'association culturelle Tizizwit de Taguemount Azouz, dans la région de Béni Douala. Les activités commémoratives de ce 7e anniversaire de la disparition de celui qui a longtemps marqué les esprits par son émission radiophonique dans les années 1990 ont débuté avec un recueillement et un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du défunt au cimetière de son village natal, Taguemount Azouz, où des membres de sa famille et de nombreux de ses amis sont venus partager ce moment chargé d'émotion et apporter leurs témoignages sur ce qu'était Rachid, ce militant qui a apporté une grosse pierre à l'édifice littéraire kabyle qui a retrouvé ainsi un souffle nouveau. Ce fut en 1981 avec son roman en Kabyle Asfel, qui raconte le parcours d'un personnage à travers l'Afrique du Nord, que Rachid Aliche donna à la culture berbère une nouvelle dimension : la dimension romanesque qui constitua alors le point de rupture avec le tout verbal de la culture berbère. Persévérant, obnubilé par l'idée de la nécessité de sauver sa culture menacée par l'extinction, Rachid récidive en 1986 avec Faffa, un second roman en kabyle qui traite cette fois du déchirement provoqué par l'émigration et qui peut aller jusqu'à la schizophrénie. À travers ses deux romans, l'infatigable militant qu'a été Rachid Aliche sa vie durant, n'a pas seulement raconté une histoire, il a surtout produit les premières armes qu'il a ingénieusement mises entre les mains de ses fils alors en proie à une acculturation certaine, menée par une idéologie arabo-baâthiste des plus menaçantes pour sa société. Rachid n'en est pas resté là. Il a accompagné tous les mouvements de protestation qu'a connue la Kabylie depuis les années 1970. Durant de longues années, à travers son émission à la Chaîne II, il n'arrêtait guère de se dépenser pour réconcilier avec bonheur l'enfant, le père de l'adulte de demain, avec sa langue maternelle. Ravi très tôt, à l'âge de 55 ans, aux siens, à sa région et surtout à sa culture qui avait encore besoin de lui, Rachid Aliche était également auteur de plusieurs ouvrages didactiques de langue amazighe, membre du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) à sa création et aussi directeur de l'Enag. Dans l'après-midi d'avant-hier, un autre écrivain, qui a beaucoup donné à la culture berbère, à savoir Rachid Oulebsir, a animé une conférence-débat à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou sur le thème "Rachid Aliche et l'amazighité". Une projection sur l'œuvre de Rachid Aliche ainsi que plusieurs autres activités culturelles ont été organisées en hommage à ce militant décédé le 18 mars 2008. S. L.