La célébration de la journée du 20 Avril, symbole de l'éclosion du Printemps amazigh, a été le fait, cette année, en Kabylie, du RCD, du MAK et d'une petite survivance du Mouvement des arouch dénommée "Initiative citoyenne". En revanche, le FFS est resté en marge. Son manquement à l'appel, cette année où l'officialisation de la langue amazighe fait débat, a été d'autant plus remarquable que le FFS demeure non seulement un parti qui a un ancrage en Kabylie, mais qui a aussi pour habitude de s'impliquer et de se distinguer dans des actes militants en faveur de la cause amazighe. D'aucuns se sont attendus à ce qu'il consente, au moins, à une expression publique solennelle à travers laquelle il soulignerait sa position vis-à-vis de la question. Il n'en fut rien. L'absence du FFS dans les manifestations qui ont marqué la journée du 20 Avril, notamment dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, trouve peut-être son explication dans le propos du premier secrétaire national du parti, Mohammed Nebbou, lors du meeting du 18 avril à la salle Atlas de Bab El-Oued. "Tamazight est, pour le parti, une question nationale. Elle n'est pas une revendication isolée des autres revendications démocratiques, ni une question que l'on peut confiner dans des célébrations folkloriques", a-t-il affirmé, en effet, avant de soutenir que "le combat continue pour que tamazight soit une langue nationale et officielle". C'est cette conception qu'il se fait de la revendication amazighe qu'il semble dicter au FFS, ces dernières années, de demeurer de plus en plus à l'écart des célébrations du Printemps amazigh. Cependant, ce n'est pas depuis toujours qu'il a fait sienne une telle attitude. Le FFS, on s'en souvient, a été particulièrement impliqué dans le combat identitaire en tant que parti et à travers les commissions nationales du Mouvement culturel berbère (MCB). Le FFS n'est, cependant, pas le seul parti dont l'engagement pour tamazight peut paraître en recul, voire mou ou moins visible, par rapport à ce qu'il était dans le passé. Des partis, à l'instar du MDS, du PST et du MPA, dont les programmes respectifs consignent la revendication amazighe, ne se sont pas particulièrement investis dans la célébration du Printemps amazigh. Ce recul contraste, en effet, avec les avancées enregistrées chez d'autres acteurs et partis politiques qui n'étaient pas particulièrement sensibles à la cause amazighe, pour ne pas dire qu'ils y étaient foncièrement opposés. En effet, les attitudes de bien des partis, traditionnellement hostiles à la revendication amazighe, ont, en revanche, mué. Celles du FLN et du RND, notamment, mais aussi du nouveau-né Talaiou El-Houriat de Benflis et de certains partis islamistes qui se déclarent favorables, voire réclament eux-mêmes l'octroi d'un statut de langue officielle à la langue amazighe dans la prochaine Constitution. Tous ces partis ont revendiqué, à l'occasion de la célébration du 20 Avril et dans le sillage des prises de positions sur la révision annoncée de la Constitution, l'officialisation de tamazight. Même le président de la CNCPPDH, Farouk Ksentini, plaide, désormais, en faveur de la promotion constitutionnelle de la langue amazighe. S .A. I.