Jamais, de mémoire, un tournoi de sixte inter-quartiers n'avait drainé autant de foules, suscité autant de passion et aimanté autant de monde que cette finale Ramadhan-Foot 2015. Même les confrontations entre les urban legends que furent, à une certaine époque, les équipes phares des quartiers populaires comme Ez-Zahria de Victor-Hugo d'un certain Abdelhafid Tasfaout, El-Ala de Gambetta de feu Hasni ou encore la Dream-Team de Miramar des virtuoses Sid-Ahmed Zerrouki et Mourad Guesbaoui n'avaient pas amassé un tel public que celui qui avait pris d'assaut le mini-complexe sportif de l'AS Radieuse, jeudi soir. C'est que l'annonce de la présence, en cette chaude soirée ramadhanesque, de certaines stars de l'équipe nationale avait enflammé une partie de la jeunesse de la ville à tel point que le résidentiel quartier de Maraval, QG de la Radieuse, d'habitude si calme, a été le point bouillonnant d'une cité oranaise pourtant réputée couche-tard. Et bien que les amateurs de la balle ronde avaient déjà été en grand nombre à prendre d'assaut l'aire de jeux Reguieg-Abdelkader, théâtre de cette édition 2015, bien avant la fin de la prière des tarawih, l'arrivée vers 23h50 des invités d'honneur d'El-Bahia a tout simplement provoqué un séisme émotionnel chez la dense foule présente au point de créer une mini-émeute, fort heureusement pour le spectacle et la symbolique de cette soirée à but caritatif, promptement et intelligemment maîtrisée par les éléments de la Sûreté nationale qui ont pourtant eu au début bien du mal à contenir cette marée humaine venue voir de près l'idole, Mourad Meghni, la star Fouzi Ghoulam, l'atypique Rafik Djebbour et le technique Ryad Mahrez. Escortés par un impressionnant cordon sécuritaire et arrivés comme des rock-stars en compagnie du wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, et du chef de la Sûreté de la ville, Salah Nouasri, les quatre internationaux eurent par la suite beaucoup de difficulté à prendre place dans la tribune d'honneur eu égard aux incessantes sollicitations de leurs fans qui ont réussi à forcer la porte pour constituer une mini-vague humaine qui indisposera plus d'un, notamment le président de l'AS Radieuse, Kada Chafi qui usera d'un mégaphone pour appeler au calme, avant de faire son show par la suite. "Ya Fouzi, Madrid, Madrid !" Incontestablement le plus adulé, Mourad Meghni a pu, ainsi, mesurer à l'applaudimètre que sa cote de popularité n'a pas bougé d'un iota depuis la folle épopée d'Omdurman, en dépit de son destin tragique et de ses blessures à répétition qui l'ont condamné à demeurer ce petit génie dont la carrière n'aura été qu'une grande désillusion. Et si le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, également présent, a été taquiné par le public oranais qui altérera ses applaudissements de sifflets, le défenseur du Napoli Fouzi Ghoulam a, lui aussi, tout comme Meghni, eu droit aussi à un tonnerre d'applaudissement de la galerie locale accompagnée de "Madrid, Madrid", comme pour l'exhorter à rejoindre la Casa Blanca. Etant restés une heure à Maraval, le temps d'être "honorés" par les autorités locales et l'ASR, Meghni, Ghoulam, Mahrez et Djebbour, tout comme l'ancien sélectionneur national Mahieddine Khalef, lui aussi présent, quitteront ensuite l'enceinte sportive Reguieg-Abdelkader dans une liesse populaire digne des plus belles heures de la Vert-maniade 2009-2010 pour un léger break à la résidence d'Etat d'Essedikia, où le premier magistrat de la wilaya tout comme son patron de la police leur tresseront des louanges et l'inciteront à continuer à œuvrer et à encourager de telles actions de solidarité. Epaulé par son frère qui refusera d'évoquer les contacts avec Arsenal ou tout autre point lié à son avenir professionnel, préférant ne parler que du présent et de ces œuvres caritatives qui continueront à Bordj Bou-Arréridj puis à Batna ce week-end, Fouzi Ghoulam sera, du reste, très avare en déclarations. Maladroitement marqué à la culotte par son manager Hamid Latrèche, sourd à toute sollicitation pour s'exprimer sur la suite à donner à sa carrière, Mourad Meghni fera, de son côté, parler son sourire charmeur et l'usuelle langue de bois. Ne souriant, pour sa part, que très rarement au moment de prendre des poses avec des fans, Ryad Mahrez n'en sera pas plus bavard qu'un Rafik Djebbour habitué au mutisme. Même au cœur de la folie oranaise de cette très animée soirée de la mi-Ramadhan, nos internationaux ont ainsi continué à jeûner, ou à défaut à "ne parler que de l'évènement", privant ainsi, via les différents canaux médiatiques, leur chaleureux et passionné public de l'essentiel de leur actualité respective. R.B.