Dans un scénario marqué par le laisser faire, les réserves de change de l'Algérie et le Fonds de régulation vont fondre plus tôt que prévu. Les statistiques douanières émanant du Cnis indiquent que l'Algérie a exporté pour l'équivalent de 19 milliards de dollars, soit une baisse de 40% par rapport à la même période en 2014. À ce rythme, les exportations de l'Algérie tourneront autour de 40 milliards de dollars en 2015. Elles auront baissé de plus de 20 milliards de dollars l'année en cours. Quant aux importations de marchandises, elles se sont élevées à 27 milliards de dollars durant les six premiers mois de l'année 2015. Même si elles ont baissé de 10%, elles restent très importantes. À ce rythme, les importations risquent d'atteindre 54 milliards de dollars en 2015. Un indice qui montre que la mise en œuvre du plan anti-crise volet importations n'a pas encore porté ses fruits. Le déficit de la balance commerciale au cours des six premiers mois s'établit à plus de 7 milliards de dollars. Ce déficit du commerce extérieur, le premier depuis plus d'une décennie au regard de la période précitée, va exercer des pressions sur les réserves de change. Ce solde négatif s'établira à ce rythme à plus de 14 milliards de dollars en 2015. Si on ajoute les importations de services qui se situent entre 10 à 12 milliards de dollars par an, l'Etat va devoir recourir de façon plus importante aux réserves de change. Comme les recettes fiscales pétrolières qui constituent l'essentiel du budget de l'Etat risquent de baisser de manière drastique en 2015 avec la chute importante des revenus financiers du pays tirés des exportations d'hydrocarbures, le gouvernement va puiser de façon importante dans la caisse de régulation. Ce qui veut dire que cette manne va se fondre plus tôt que prévu. Plusieurs spécialistes lui donnent une espérance de vie de seulement deux ou trois ans. Paradoxalement, alors que la situation financière est en train de s'aggraver : les réserves de change ayant fondu d'environ 28 milliards de dollars entre fin décembre 2014 et fin mars 2015, les ressources du Fonds de régulation (FFR) menacées d'extinction rapide, selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie, la riposte du gouvernement est loin d'être à la hauteur de la menace. Plus d'un an après l'amorce de la chute des prix du pétrole, peu d'actions ont été menées jusqu'ici. On table sur la loi de finances complémentaire 2015 qui devait être promulguée pour introduire les aménagements budgétaires et les mesures destinées à réduire l'impact de la chute des prix du pétrole sur l'économie nationale. Or, sur deux leviers envisagés jusqu'ici, la carte à puce pour réduire la consommation de carburants et la licence d'importation pour réguler le commerce extérieur, on n'en est pas encore à l'application immédiate ou rapide de ces décisions. Il faudra attendre si tout se passe bien début 2016 pour que ces décisions soient appliquées sur le terrain. Les actions pour booster le secteur productif sont également rares. On est devant un discours contradictoire. D'une part, le gouvernement affiche une volonté d'ériger une industrie de substitution aux importations. D'autre part, les entrepreneurs continuent à se plaindre de multiples freins à l'acte d'investir et de créer de nouvelles richesses. En attendant, les revenus du pays sont en train de s'amenuiser dangereusement. Ce qui constitue une véritable menace sur la stabilité sociale et la sécurité du pays. K. R.