La capitale du Liban, Beyrouth, connaît, depuis une semaine, un véritable mouvement de protestation contre les ordures, qui a viré vers une manifestation politique dans un contexte marqué par des blocages internes et une situation sécuritaire régionale explosive. Le Liban est sans président depuis plus d'une année, alors qu'il est pris dans les conflits régionaux, 25 ans après la fin de la guerre civile. Entre l'afflux continu des réfugiés et la sécurité fragile dans certaines parties vient s'ajouter le vide politique que connaît le pays. Un vide ressenti par le peuple libanais, qui a occupé, samedi dernier, la place des Martyrs à Beyrouth, pour dénoncer le système politique. Sous le slogan de "Telaât rihetkom (vous puez, ndlr)", des jeunes venus de tout le pays ont occupé la rue pour réclamer des mesures qui mettent fin à la crise du ramassage des ordures ménagères. Mais ce rassemblement s'est transformé en manifestation contre le laxisme et la gestion des affaires du pays par le pouvoir en place. "Si nous sommes descendus dans la rue, c'est pour dénoncer les ordures qui occupent les chaises du gouvernement. Ce sont les pourritures de l'histoire", a déclaré à Liberté Nouha A., 35 ans, ingénieure du son dans une chaîne satellitaire libanaise privée. S'adressant aux responsables du gouvernement, elle a ajouté : "Nos pieds qui ont marché à la place des Martyrs sont plus propres que vos visages, vos noms, vos postes, et vos chaises." Les protestataires ont lancé un ultimatum de 72 heures, soit jusqu'à demain soir, au gouvernement, pour juger les responsables des violences lors des manifestations du week-end dernier, dont le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, en plus de la démission du ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk. "Sinon, nous opterons pour des mesures d'escalade mardi prochain (demain, ndlr)", a averti une activiste qui s'est prononcée au nom de la campagne. Le gouvernement a, de son côté, mis en garde le peuple contre le risque d'un effondrement politique. "Je préviens que nous irons vers l'effondrement si cette affaire continue", a indiqué Tammam Salam, Premier ministre libanais, lors d'une conférence de presse. Tout en ajoutant qu'il pourrait démissionner, il déclare : "Honnêtement, je ne ferai pas partie et je ne collaborerai pas à cet effondrement." I.A.