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Da El-Hocine et... les autres
Contribution
Publié dans Liberté le 27 - 12 - 2015

"Seule la mort transforme la vie d'un homme en destin."
André Malraux, "La condition humaine"
Le dernier dirigeant de la Révolution algérienne, notre très regretté Da El-Hocine, vient de nous quitter. Il vint au monde la même année, en 1926, que l'Etoile Nord-Africaine et cette autre figure emblématique de la Révolution, le colonel Amirouche, mort au combat à l'âge de trentedeux ans. Des neuf dirigeants historiques, avec Didouche Mourad, né en 1927, et mort les armes à la main en 1955 à l'âge de 28 ans, Da El-Ho fut le plus jeune. Il fut le seul à qui notre peuple réserva cette appellation, mélange de respect et d'affection, "Da", contraction de "Da da".
Patriote absolu, et, sans doute en avance sur son temps, il s'inspira des traditions démocratiques séculaires de la Djemaâ, et appela dès 1963 à bannir l'autoritarisme des pratiques politiques de la nation. Il eut alors maille à partir avec beaucoup de ceux qui, ayant pris bien tard le train de la Révolution et qui ont très tôt saisi les leviers du pouvoir. Qu'ils aient passé toute la guerre dans les sanctuaires tunisiens ou marocains importe peu. Plus tragique, ils ont conduit le pays par la "hogra" et la peur, à une nouvelle guerre d'Algérie dont les traumatismes mettront une génération pour s'estomper.
Mais, même s'il a connu l'indignité des geôles de Boumediene après celles de la France des "Droits de l'Homme", après le détournement de l'avion qui le transportait avec Khider, Ben Bella, Boudiaf et Lacheraf, en octobre 1956, Aït Ahmed eut le temps de mettre en œuvre cette plateforme stratégique extraordinaire présentée au comité central du PPA/MTLD à Zeddine (Aïn Defla) en 1948.
Stratégie de Zeddine
Que des historiens algériens rendent un hommage appuyé et absolument mérité à Aït Ahmed Hocine pour avoir élaboré cette plateforme à l'âge de 22 ans, en tant que chef de l'Organisation spéciale (OS) créée en 1947 pour préparer l'action armée, est somme toute naturel. Mais qu'un historien américain d'une prestigieuse université américaine, Columbia, Matthew Connelly, écrive que "la Bataille d'Alger s'est jouée autant à Alger qu'à New York" et que c'est la stratégie élaborée à Zeddine qui "a fait basculer la guerre d'Algérie" et que l'homme qui "a élaboré cette stratégie s'appelle Aït Ahmed" est, sur le plan historique, d'une importance capitale.
S'inspirant des grands théoriciens de la guerre comme Carl Von Clauzewitz ("La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens") ou Ernst Junger, Aït Ahmed comprit très vite que le rapport des forces étant trop inégal, il était hors de question d'ouvrir un front avec l'armée française et que c'était
sur le plan diplomatique, par l'internationalisation du conflit, que la victoire allait être remportée.
Le premier succès retentissant de la diplomatie révolutionnaire fut remporté par Aït Ahmed, assisté de M'hammed Yazid à la Conférence afro-asiatique de Bandoeng de 1955 qui avait vu, pour la première fois les 29 pays indépendants d'Asie et d'Afrique accorder leur soutien... à l'inscription de "la question algérienne" sur l'agenda de la 11e session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies du 1er octobre 1956 et c'est Aït Ahmed qui ouvrit le premier bureau du FLN à New York la même année.
Dans un débat commémoratif de la Conférence de Bandoeng (voir El Watan du 20-04-2010), Abdelkader Bouselham vint au secours de la vérité historique et clama haut et fort : "Ce n'est pas parce qu'on ne partage pas les positions politiques de Hocine Aït Ahmed qu'on doit se permettre de gommer son nom de l'histoire de Bandoeng... Qu'on le veuille ou non, Hocine Aït Ahmed a été le chef de la délégation du FLN à ce congrès et c'est lui, avec le défunt M'hammed Yazid, qui a porté la voix du FLN à l'ONU..."
Qui ne connaît la célèbre réplique de ce dernier au colonel Abdellah Ben Tobbal qui, dans une réunion du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) à Tripoli en 1960 reprochait à nos diplomates de l'époque leur prédilection pour les "grands hôtels" ?
"Vous les militaires, répliqua Yazid, vous n'arrêtez pas de montrer le c... de la Révolution et nous, les diplomates, passons notre temps à baisser sa jupe et à le cacher".
En fait, l'affaiblissement considérable de la résistance armée consécutif au bouclage des frontières, à la pénurie de munitions, au démantèlement de la Zone autonome d'Alger et la capture de Yacef Saâdi fut largement compensé par un théâtre opérationnel diplomatique où la diplomatie française fut incapable d'endiguer un courant de sympathie irréversible dans l'opinion internationale envers la Révolution algérienne. Même le général Maurice Challe, de triste mémoire, laissa éclater son amertume et le reconnut : "Le GPRA (Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne) compte sur son action diplomatique dans le monde, action bien plus vigoureuse que celle de la diplomatie française, désuète et inefficace."
Général Maurice Challe (Notre révolte p. 42).
Da El-Ho fut et reste assez grand pour défendre tout seul sa mémoire. Homme de principes il fut, homme de principes il resta jusqu'à sa mort.
À l'issue d'une conférence que j'ai donnée à l'Oregon State University, un professeur m'a posé la question suivante : "Comment expliquer que ce soit le même régime politique en Algérie depuis 1962 ?"
J'ai répondu que tous les régimes politiques du monde, y compris ceux qui se prétendent démocratiques en Occident, utilisent, à des degrés divers, la formule CIA et le régime algérien sans doute plus que d'autres ; pas Central Intelligence Agency, ai-je précisé, mais "Cooptation, Intimidation, Assassinat".
Da El-Ho, n'a ni été coopté, ni intimidé et, hasard du destin, n'a pas connu le sort de trois "historiques" assassinés, Mohammed Khider, à Madrid en 1967, Krim Belkacem, à Francfort en 1970, et, en direct, Mohammed Boudiaf en 1992. Les séides qui tuèrent Abane par strangulation et "consacrèrent au plus haut niveau les pratiques mafieuses", ainsi que l'a écrit Mohammed Harbi, ont déjà été jugés et condamnés par l'histoire pour cet acte inqualifiable.
Hamou Amirouche, auteur : "Akfadou, Un An avec le Colonel Amirouche" et "Memoirs of a Mujahed, Algeria's Struggle for Freedom, 1945-1962"


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