La boîte de Pandore L'année 2016 débute avec une douche froide imposée à la majorité des automobilistes. Ils devront débourser près de 9 DA supplémentaires pour un litre d'essence à la pompe, contrairement au discours officiel qui évoquait une hausse de seulement six dinars. Les ménages n'ont pas été également informés de la double augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz. La première, plus médiatisée, passe par une augmentation de la TVA portée de 7 à 17%. La seconde, moins connue, est l'augmentation des tarifs de l'électricité hors taxes décidée fin 2015 par la commission de régulation de l'électricité et du gaz. On est ainsi loin du parler- vrai évoqué par le chef de l'Etat dans son récent discours officiel. L'image du gouvernement en prend un coup. En fait, ce que le discours de l'Exécutif ne dit pas, c'est que l'augmentation des prix de l'électricité qui touchera les deux tiers des ménages atteindra plus de 30% pour la majorité des ménages. Elle sera très importante également pour les industriels. Une charge supplémentaire susceptible de se répercuter sur les prix des produits industriels. Outre les effets de la dévaluation du dinar, près de 30% en un an, ces augmentations auront des répercussions évidentes sur la hausse des prix en 2016. Après les tarifs de l'électricité et des carburants, ce sera le tour des tarifs des transports, des produits industriels et agricoles. Pour cette dernière catégorie de produits sensibles, elle sera impactée par la hausse des prix du gasoil, à moins de prévoir une subvention .Les tractteurs utilisent en particulier ce carburant.Idem dans les cultures sous serre. On aura ainsi ouvert la boîte de Pandore sans une stratégie de communication cohérente en direction de la population. Les augmentations des prix de l'énergie auront été brutales. Ce qui était prévisible. L'agence de régulation des hydrocarbures (ARH) avait dans les années 2000 préconisé une hausse des carburants de 2 DA par litre pendant dix ans, conformément aux dispositions de la loi sur les hydrocarbures. Ce qui était une solution meilleur que celle adoptée aujourd'hui. Cette proposition n'a pas été retenue par le gouvernement de l'époque. Tout comme les prix de l'électricité. On s'attendait à des hausses brutales après le gel de ces tarifs depuis 2005. On s'étonne également que la carte à puce qui était la solution adéquate n'ait pas été retenue. Alors que son application n'allait pas toucher au pouvoir d'achat de la majorité des automobilistes. Le gouvernement l'a perçue comme une mesure techniquement difficile à mettre en œuvre, alors que l'Algérie a les compétences pour mener à bon port ce projet. Il faut savoir que la Tunisie et des pays moins nantis de l'Afrique subsaharienne utilisent la carte à puce. Mais la logique du gouvernement était plutôt de renflouer les caisses de l'Etat et non pas de protéger absolument le pouvoir d'achat des citoyens. Quitte à le répéter, le gouvernement a ainsi choisi la solution la plus facile : aller chercher l'argent qui manque au Trésor dans la poche des citoyens. Alors qu'une meilleure appréhension de l'assiette fiscale permettrait à court terme d'atténuer les effets de la crise sur la population. Une démarche impopulaire qui risque de favoriser les tensions sociales. Par K. Remouche [email protected]