"Nous avons entamé toutes les démarches pour lancer cette tannerie qui aura un impact positif sur la promotion de cette activité. À notre grande surprise, nous sommes confrontés à l'opposition de certains villageois qui ont signé une pétition sans savoir de quoi il s'agit", renchérit-il Après le scandale du squat des parcelles de terrain destinées à l'autoconstruction, voilà qu'on s'attaque aux assiettes foncières destinées aux projets d'utilité publique sous le couvert de "la société civile", à l'exemple de ce qui se passe au village d'In Zaouen, à 5 km au sud de Tamanrasset. Le projet de réalisation d'une tannerie revendiqué par les artisans qui ont forgé un cachet dans le travail du cuir bute sur l'opposition de ceux qui s'autoproclament représentants du village. Le 12 juillet 2015, ils ont adressé une lettre au wali exigeant de revoir la décision du choix de terrain de cette unité de transformation du cuir. Une pétition a été signée par une quarantaine de villageois. Cependant, les artisans ont leur mot à dire quitte à "dénoncer le conflit d'intérêts et l'agissement d'une engeance de véreux impliqués dans le détournement de deniers publics", nous confie une femme, membre de l'association des artisans d'In Zaouen. Et de préciser que le choix de terrain a été fait en concertation avec le représentant du village. "Nous avons entamé toutes les démarches pour lancer cette tannerie qui aura un impact positif sur la promotion de cette activité. À notre grande surprise, nous sommes confrontés à l'opposition de certains villageois qui ont signé une pétition sans savoir de quoi il s'agit. Personnellement, je peux avoir plus de signatures et convaincre tout le monde de l'utilité du projet. Je tiens à affirmer que le représentant du quartier qui veut, par des ruses, accaparer la parcelle ne constitue aucunement un frein aux ambitions des artisans qui attendent la concrétisation de ce projet salvateur", renchérit-il. À la direction de la chambre de l'artisanat et des métiers (CAM), on apprend que les procédures administratives vont bon train. Une commission composée de cadres de la chambre et de la direction de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction (Duch) s'est déplacée, le 24 décembre 2015, sur les lieux pour finaliser le dossier. Selon le directeur de la CAM, Mourad Saïdani, une assiette de 200 m2 a été dégagée pour la construction de l'unité qui vise à rassembler les artisans de la filière cuir dans le but de renforcer la corporation. "La sauvegarde de ce métier reste l'une des principales préoccupations de la CAM, compte tenu de son impact sur le développement local. Rappelons qu'en 2013, pas moins de 83 artisans dans l'amélioration de la qualité du cuir ont été formés par la CAM. Les premiers résultats sont palpables : le cuir ne dégage plus d'odeur. Mieux, 10 artisanes, constituées en association, ont bénéficié d'aides de 250 000 DA chacune dans le cadre de l'Angem", souligne M. Saïdani. Les abattoirs produisent "1800 peaux de chameau et 12 000 peaux de caprin par mois. Elles sont exportées illicitement vers le Niger pour traitement puis réexportées vers l'Algérie à des prix exorbitants. La réalisation d'une tannerie au niveau local permettra ainsi d'exploiter cette matière première et créer à coup sûr plusieurs opportunités d'embauche". RABAH KARECHE