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11e partie
Le voyou
Publié dans Liberté le 13 - 02 - 2017

Résumé : Farid empoigne sa femme et la menace avec son couteau. Elle se met à se lamenter sur son sort, et son époux tente d'argumenter sa situation. Mais elle le connaissait assez bien maintenant pour ne plus croire en lui.

Feriel s'était endormie dans ses bras, et elle se lève pour la mettre dans son lit.
-Ma pauvre fille ne connaît même pas une vie familiale stable. J'ai écouté mon cœur, et maintenant j'en paye les conséquences.
Farid baisse la tête et demande d'une petite voix :
- Que veux-tu dire par là ?
- Que l'amour m'a aveuglée au point où je n'ai rien vu à l'époque de nos fiançailles.
- Oh ! Pourquoi t'acharnes-tu toujours à remonter jusque-là ?
- Parce que c'était là l'erreur de ma vie. Jusqu'à cette minute je n'arrive pas encore à m'expliquer comment j'ai pu croire en toi.
Farid se met à ricaner :
- Parce que tu m'as aimé.
Karima garde le silence. Elle ramasse quelques affaires éparpillées à travers la chambre, puis s'essuie les yeux d'une main rageuse. Elle avait des copies de ses élèves à corriger, mais le cœur n'y était pas. Farid la contemple en silence, puis murmure :
-Je t'ai aimée moi aussi, Karima. Je t'aime toujours. Pour moi, rien n'a changé.
Il ôte son blouson et s'allonge sur le lit.
- Vraiment tu ne m'aimes plus,
Karima ?
La jeune femme remarque que sa fille s'agitait dans son lit. Elle s'approche d'elle et passe une main apaisante sur son front :
- Tais-toi, Farid. Feriel dort, et tu déranges son sommeil.
Mais il insiste.
- Vraiment tu ne m'aimes plus,
Karima ?
Comme elle ne répondait pas, il se lève et l'attire vers lui.
- Vraiment tu ne m'aimes plus ma chérie ? Tu veux que je parte ?
Il lui soulève le menton et l'oblige à le regarder dans les yeux :
- Tu m'aimes plus, Karima ?
Les larmes inondèrent le visage de la jeune femme.
Il la serre dans ses bras en lui chuchotant à l'oreille :
-Pourquoi pleures-tu ma chérie ?
Elle renifle et se laisse aller contre lui.
- Tu me rends la vie infernale, Farid.
Il se met à la bercer.
- Patience. Tout rentrera dans l'ordre dans quelques jours.
- C'est vrai ? Tu vas enfin t'assagir et mener une vie normale ?
- Oui. Et nous allons bientôt emménager dans notre propre
appartement.
Karima se redresse et s'essuie les yeux.
- Notre appartement ? Tu as pu acquérir un appartement ?
- Je voulais t'en faire la surprise, mais tu as tout gâché.
- Mais comment as-tu fait ? Tu n'as même pas un revenu régulier et...
- Chut ! Ne pose donc pas trop de questions. Regarde :
Il retire un papier de la poche de son blouson et le lui tend.
-Lis un peu ça.
Elle parcourt le document, puis lève les yeux vers lui :
-C'est un acte de propriété. Un acte de propriété en ton nom.
-Tu vois comme je ne t'ai pas
menti !
- Je vois que tu as un acte de propriété. Mais comment ?
Il l'interrompt en désignant du menton un petit sac de papier déposé sur la commode.
- Qu'as-tu ramené là-dedans ?
- Des pizzas pour la petite. Elle n'en a pris qu'un bout.
- Cela tombe bien. J'ai très faim.

(À suivre)
Y. H.


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