Après un long suspense entretenu sciemment, le chanteur Bob Dylan s'est rendu finalement dans la capitale suédoise, Stockholm, pour recevoir son prix Nobel de littérature, décerné par l'académie. De la sorte, après avoir cultivé le mystère assez longtemps, il s'est arrangé de programmer la production de deux concerts dans la capitale suédoise, samedi et hier, tenus comme une annonce à une longue tournée européenne. Mais les médias suédois n'ont pas relaté cet évènement, sans doute froissés par son "arrogance". Parce que, selon des observateurs qui suivent de près ce feuilleton, le comble est que Bob Dylan, de son vrai nom Robert Allen Zimmerman, avait été choisi par l'académie, à la place de grands noms de la musique, comme étant le premier musicien nobélisé par l'académie suédoise. Mais il ne faisait que compliquer la tâche en la rendant délétère avec son comportement déroutant et impénétrable. Il faut dire que sa consécration en octobre dernier avait fait beaucoup d'indignés et attiré les foudres de la critique. Même Bob Dylan avait accueilli l'annonce de sa nomination avec une froideur déconcertante. Il ne faut pas oublier, aussi, que Bob Dylan a toujours été la cible de pas mal de chroniqueurs de presse pour de multiples raisons, dont l'une pour avoir donné son premier concert joué en Chine à Pékin, et pour lequel une certaine presse américaine et autres lui en voulaient, en lui reprochant de s'éloigner de son engagement pour la liberté et les droits civiques. Son engagement farouche et affiché pour les droits civiques de toutes les catégories sociales qui vivent en Amérique, y compris les Noirs qui étaient dépossédés de leurs droits, ainsi que son caractère pacifique, et la lutte acharnée qu'il mena pour ses idées ont certainement fait de lui le symbole des chanteurs engagés. De cette ère justement, il dira dans son album Another Side of Bob Dylan, (l'autre facette de Bob Dylan), "I was so much older then, I am younger than that now" (qu'il était si vieux alors, qu'il est si jeune maintenant). Déroutant. Une chroniqueuse du New York Times a voulu réduire l'aura de Bob Dylan en titrant son écrit le concernant par un "Blowin' in the Idiot Wind" (souffler dans le vent idiot). Et bien d'autres articles incisifs rédigés à son encontre, étayés évidemment par des arguments dont la plupart semblent tenir la route. En tout état de cause, ce génie populaire n'arrête pas de tourner pour autant, et son dernier triple album de reprises de Frank Sinatra sorti est plein de références et d'hommages.