Le 12 mai, un camion transportant des madriers est intercepté sur la Rocade. Après fouille, il s'est avéré qu'une grande quantité de drogue s'y trouvait. B. Adel, Tlemcénien de 33 ans, a été condamné, dimanche à Oran, à 15 ans de réclusion criminelle pour transport de drogue et usage d'un faux permis de conduire. L'affaire remonte à début mai 2015, quand les services de lutte antidrogue de la wilaya de Tlemcen reçoivent une information sur l'existence d'un réseau de trafic de drogue entre le Maroc et la Libye, via les wilayas de Tlemcen et de Ghardaïa. Le 12 mai, un camion de marque Isuzu transportant des madriers est intercepté sur la Rocade et sa fouille permet la découverte de 33 q de résine de cannabis dissimulés entre les épaisses planches. B. Adel, qui était au volant du véhicule, déclare ignorer la présence de la drogue. "C'est S. Sidi Mohamed qui m'a demandé de conduire ce camion, mais je ne savais pas que je transportais de la drogue", affirme-t-il à la police. Dans sa déposition, il se montre très prolixe. Il révèle notamment avoir effectué, toujours pour le compte de Sidi Mohamed, deux voyages de Tlemcen à Ghardaïa : deux allers-retours avec un camion vide, affirme-t-il, qu'il confiait à des étrangers dont les djellabas cachaient des kalachnikovs. Après quelques heures, ceux-ci lui rendaient le véhicule et il regagnait Tlemcen où son employeur lui remettait 50 000 DA. Durant les deux voyages, il était précédé par une voiture conduite par un certain B. Boumediene. Il avoue également qu'il n'a jamais passé le permis poids lourd et que le document en sa possession était un faux que Sidi Mohamed lui avait remis. Sur la base de ces déclarations, les services de police tentent de mettre la main sur S. Sidi Mohamed et B. Boumediene, mais en vain, les deux ayant disparu dans la nature, et seul B. Adel sera finalement inculpé de trafic de drogue en bande organisée et de faux et usage de faux. À la barre du tribunal criminel d'Oran, il maintient ses déclarations. Il racontera avoir travaillé dans le café de la famille S., situé à l'aéroport Zenata jusqu'à ce qu'il tombe malade, en 2009. "J'ai souffert de troubles mentaux. Les médecins voulaient me faire admettre à l'hôpital de Sidi Chami, mais les miens ont refusé." Trois années plus tard, il réussit à acheter une Renault 21 avec laquelle il s'improvise contrebandier de carburant avant d'être approché, quelques années plus tard, par S. Sidi Mohamed qui lui propose de travailler en tant que chauffeur. "J'étais dans une situation très précaire, j'ai accepté son offre, mais jamais il n'a été question de trafic de drogue", continue-t-il, en ajoutant qu'après son arrestation, Sidi Mohamed lui avait envoyé deux avocats originaires de Lakhdaria : "Ils m'ont dit que Sidi Mohamed m'offrait un milliard de centimes contre mon silence. Ce que j'ai refusé." Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public ne fait pas dans le détail : 20 ans de réclusion et une amende d'un million de dinars contre le prévenu. L'avocat de la défense axera sa plaidoirie sur l'état de santé de son mandant et sa bonne foi que la franche coopération avec la police atteste. Il plaidera l'acquittement du chef d'accusation de trafic de drogue et les plus larges circonstances atténuantes pour l'usage de faux. Après délibérations, B. Adel écopera de 15 ans de réclusion et les deux fuyards seront condamnés à la perpétuité par contumace. S. Ould Ali