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Une femme enceinte décède au CHU Parnet
La série noire continue
Publié dans Liberté le 22 - 08 - 2017

Hanane, la trentaine, a perdu la vie, en donnant naissance à une petite fille dans des circonstances affligeantes. Les parents dénoncent une non-assistance à personne en danger. La direction du CHU Nefissa-Hamoud (ex-Parnet) et les gynécologues évoquent les mauvaises conditions dans lesquelles ils exercent.
Hanane Messani, la trentaine, a rendu son dernier souffle, dans la soirée du 10 août, au service gynécologie obstétrique du CHU Nefissa-Hamoud. Vers 13 heures, elle réalise, qu'elle saignait. Enceinte de six mois et demi, elle savait que son cas relevait d'une urgence extrême. Elle sera accompagnée par des collègues vers le CHU Mustapha-Pacha, avec quelques appréhensions. Hanane a entendu parler de cas de femmes enceintes mortes dans la semaine aux portes des hôpitaux. Elle a attendu dans les couloirs de la maternité sans être prise en charge. Les auxiliaires de salle ont attesté que les gynécologues en service sont tous au bloc opératoire et qu'ils ne seront pas disponibles avant des heures. Les parents et l'époux de la jeune femme l'ont transférée dans une maternité à Kouba. Là aussi, ils sont confrontés à l'absence de spécialistes pour traiter son cas. Elle est dirigée ensuite vers une clinique privée à Aïn-Naâdja. Le praticien qui l'a auscultée a constaté la gravité de son état. Il a décidé de lui remettre une lettre portant la mention "urgence" et de l'orienter vers le CHU d'Hussein-Dey, car la structure ne peut pas assurer un accouchement difficile ni prendre en charge le bébé qui naîtra prématuré. La jeune femme, qui se vidait littéralement de son sang, est arrivée, avec ses proches au CHU Nefissa-Hamoud, vers 16h30. Selon le témoignage des parents de la jeune femme, elle a été laissée dans les couloirs des urgences de la maternité pendant près de trois heures. La sage-femme de garde se serait montrée particulièrement "odieuse". Elle n'a pas voulu ausculter la malade, allant jusqu'à douter de sa sincérité quand elle se tordait de douleur. "Vous dites la vérité ou vous êtes vicieuse ?" lui aurait-elle rétorqué, selon la maman de la défunte. Elle a refusé aussi de consulter la lettre d'orientation du gynécologue au motif qu'elle ne savait pas lire. "Le temps passe et l'état de ma fille se dégrade. Elle supplie la sage-femme de l'aider en lui rapportant qu'elle avait déjà accouché deux fois dans ce service. Vous voulez qu'on vous fasse un abonnement ?, a répliqué la sage-femme" raconte le père. Vers 19h, la patiente est admise dans le service mais attend environ 45 minutes avant d'être reçue par un médecin. Le Dr Chikhi, gynécologue de garde donne sa version. "Je lui ai dit qu'on allait tout mettre en œuvre pour la prendre en charge mais qu'il n'y avait pas de couveuse pour le bébé". Il fallait que Hanane signe un document qui minimise la responsabilité des pédiatres. Elle le fait, l'âme en peine. À partir de là, les parents n'ont plus aucune information probante, sauf des échos qui leur parvenaient des agents de sécurité. "Notre inquiétude grandissait surtout que des rumeurs circulaient dans la salle sur l'état critique d'une malade", rapporte la maman. Son instinct de mère lui disait qu'il s'agissait de Hanane. On parlait alors d'une femme qui accouchait dans les couloirs. Quelques instants plus tard, un médecin cherche l'époux. Il annonce la mauvaise nouvelle. Sa femme vient de décéder sur la table d'accouchement. Le bébé, né prématuré est mis dans une couveuse, fournie sur intervention de proches. "Notre fille a connu les pires moments de sa vie durant plus de 3 heures." Le père a déposé plainte, hier, à la direction générale du CHU. La famille, qui se résignait presque à la volonté divine, a été torturée par le témoignage d'une accouchée, hospitalisée dans le service ce jour-là. Cette dernière a raconté que Hanane souffrait atrocement dans l'indifférence du personnel hospitalier. Affaiblie par une hémorragie qui durait depuis des heures, elle a perdu connaissance. "Juste après la délivrance, il y a eu un arrêt de l'activité cardiaque pour cause d'embolie amniotique. Dans ces cas, le décès est quasi constant", affirme le professeur Mechtouh, chef de service, sur la foi de la déclaration du décès et le dossier médical. Il était en congé. Tout en regrettant la perte d'une femme en couches, il a mis en évidence la saturation du service qu'il administre. "Nous assurons jusqu'à 50 accouchements, dont 20 césariennes, par garde. C'est surhumain. Les maternités posent problème en Algérie. Il y a déficit du personnel, manque de structures spécialisées et un boum de naissances", explique-t-il, en avançant un chiffre éloquent : 1 300 000 naissances en 2016 en Algérie. Un record. "Notre tort, nous ne voulons refuser aucune admission d'une femme enceinte dans le service, même s'il n'y a pas de place. 12 000 naissances sont enregistrées annuellement. La courbe de la mortalité maternelle est décroissante. Il n'en demeure pas moins que 80% des décès de femmes enceintes ou d'accouchées sont évitables", souligne-t-il. En affirmant que l'hémorragie est la première cause de ces décès, il reconnaît, à demi-mot, que le cas de Hanane constituait une urgence. Elle a perdu trop de temps à aller d'un hôpital à un autre et trop de temps aussi à être examinée au CHU Parnet. Contacté par nos soins, le directeur général du CHU, M. Rekik, a interrompu, hier, son congé, pour rencontrer les parents de la jeune femme. Il s'est engagé à entreprendre les mesures adéquates pour connaître la vérité. Des questionnaires sur le déroulement de l'accouchement et les causes réels de la mort seront envoyés au personnel de garde, la nuit du décès. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sera destinataire incessamment d'une plainte de la famille. Une commission d'enquête ministérielle sera constituée sur ce cas, promet-on. Les procédures aboutiront-elles réellement ? Difficile à dire. La réalité est implacable : une jeune femme est sous terre. Elle a laissé derrière elle, des parents inconsolables et trois orphelins. Son fils aîné a fêté son 7e anniversaire le jour de son enterrement. Sa fille est née le jour de sa mort et son fils de 16 mois n'aura de souvenir de sa mère que par le truchement d'enregistrements vidéo et de photos.
Souhila Hammadi


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