Les violences ont déjà fait plus de 1000 morts en douze jours, selon un dernier bilan établi par le rapporteur spécial des Nations unies, Yanghee Lee, cité par le journal indien The Hindu. La situation va de mal en pis pour les musulmans rohingyas en Birmanie où plus de 125 000 personnes ont fui vers le Bangladesh voisin pour échapper aux violences des forces armées birmanes, 12 jours après le début des violences qui les opposent à l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui défend les droits bafoués de cette minorité. "Les gens sont installés dans des camps de réfugiés, sur les routes, dans les cours d'école et même dehors. Ils défrichent pour créer de nouveaux refuges. L'eau et la nourriture vont manquer", a expliqué Nur Khan Liton, un célèbre militant des droits de l'homme au Bangladesh. Outre le manque de vivres et d'espace dans des camps surpeuplés -plus de 400 000 Rohingyas y étaient déjà hébergés après avoir fui des vagues de violences antérieures-, l'état de santé des nouveaux réfugiés inquiète les organisations d'autant que c'est la saison des pluies. "Ces personnes ont faim, soif et sont malades. Elles méritent au moins un toit", estime Shubhash Wostey, le chef du bureau du Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à Cox Bazar. "Il y a un besoin urgent d'abris et de terrains pour les installer", selon Vivian Tan, porte-parole du HCR. "Ces gens ont marché des jours durant. Certains n'ont pas mangé depuis leur départ. Ils ont survécu avec de l'eau de pluie et de sources". Les organisations pensent que des milliers d'autres sont toujours en chemin. Des dizaines de personnes sont également blessées, affirment les ONG humanitaires auxquelles l'accès est interdit depuis plusieurs jours par les autorités birmanes qui commettent un massacre à huis clos. "Les musulmans sont affamés chez eux. Les marchés sont fermés et les gens ne peuvent pas sortir de leurs villages, sauf pour fuir. Les autorités recourent à l'intimidation, utilisant la nourriture et l'eau comme des armes", a expliqué un responsable humanitaire travaillant dans la région, cité par Amnesty International. L'ONG estime que "toute la région est au bord d'une catastrophe humanitaire". "En bloquant l'accès des organisations humanitaires, les autorités mettent la vie de dizaines de milliers de personnes en danger", juge Tirana Hassan, d'Amnesty International. Les violences ont déjà fait plus de 1000 morts en 12 jours, selon un dernier bilan établi par le rapporteur spécial des Nations unies, Yanghee Lee, cité par le journal indien The Hindu. Si des voix éparses se sont élevées pour dénoncer ce massacre de la minorité musulmane en Birmanie, le silence de la communauté internationale, en tant que bloc de pression, demeure inexplicable. Samedi, l'ONG Human Rights Watch a publié un long communiqué dans lequel elle dénonce le massacre des Rohingyas, accompagné de photos montrant des villages entièrement incendiés par les autorités birmanes. Lyès Menacer