Le drame que vivent, depuis quelques mois déjà, les retraités de France et les veuves bénéficiaires de réversion de pensions semble s'installer dans la durée et aucune solution ne se dessine à l'horizon. En effet, depuis le début de l'année, Algérie Poste fait face à une crise aiguë qui se caractérise par une diminution drastique des acheminements du courrier entre Alger et Paris et vice-versa. À titre d'exemple, la majorité des localités de Kabylie, pour ne citer que celles-là, ne reçoivent leur courrier qu'une à deux fois par mois, ce qui engendre un retard considérable en matière de distribution de courrier. Cette situation regrettable résulte aussi d'un gros déficit en facteurs tant au niveau des centres de tri postal qu'au niveau de la distribution du courrier sur le terrain. C'est ainsi que des milliers de vieux retraités de France qui résident en Kabylie voient leurs pensions de retraite bloquées depuis plusieurs mois, et ce, en raison de la non-réception des certificats de vie habituellement délivrés au niveau des APC et renvoyés vers les caisses françaises avant la date limite précisée sur le document. Alors que depuis la France, la lettre ne met pas plus de 24 heures pour parvenir aux centres de tri des aéroports algériens, la même lettre met deux mois pour transiter entre Alger et les chefs-lieux de commune. Outre le retard dans l'acheminement du courrier, un autre retard est occasionné par le manque de facteurs dû à un départ massif en retraite et, du coup, les lettres arrivent au compte-gouttes et le courrier des villageois est pratiquement abandonné dans les cafés maures, les épiceries ou les boulangeries du coin avec tous les risques et périls d'égarer des lettres de valeur. "Les certificats de vie, qui sont obligatoires pour le versement des pensions, ne parviennent à Paris qu'au bout de plusieurs mois après avoir été postés dans les bureaux de poste en Algérie", tempête un retraité de Maâtkas. "J'ai reçu cet imprimé de ma caisse de retraite française en févier, et j'ai envoyé le document à Paris par voie postale, mais, à ma grande surprise, je reçois une autre correspondance de la même caisse d'assurance m'informant de la non-réception du document en question. Je l'ai renvoyé une deuxième fois, mais cinq mois après, je n'ai toujours pas perçu ma retraite", dira un autre retraité du village Iazithene. Pour tenter de contourner ce problème, certains retraités vont jusqu'à se déplacer jusqu'à l'aéroport Houari-Boumediene pour remettre la précieuse lettre contenant le fameux document à des voyageurs en partance pour l'Hexagone pour la poster dans une poste française, mais cette solution n'est pas à la portée de tout le monde. C'est dire que depuis une dizaine d'années, la poste algérienne ne cesse de plonger dans une véritable descente aux enfers, alors qu'elle était, auparavant, un des services les plus efficaces en Algérie. En attendant, les vieux retraités qui ont trimé durant toute leur vie dans les mines, les usines et les chantiers de France et de Belgique attendent désespérément des pensions qui se font de plus en plus désirer et vivent un calvaire sans précédent. K. N. Oukaci/R. Achour