C'est une nouvelle preuve que l'oubli ne se décrète pas que le village Tala Amara, dans la commune de Tizi Rached, a apportée, hier, en se mobilisant, comme chaque année en cette même date du 18 octobre, pour commémorer l'assassinat de son valeureux fils, Smaïl Yefsah, par une bande de terroristes islamistes qui, en bête immonde, s'attaquait à tous ceux qui refusaient de se plier à leur idéologie moyenâgeuse. La commémoration de ce 24e anniversaire a débuté, comme chaque fois, avec une cérémonie de recueillement au cimetière du village en présence de ses proches, de ses amis et d'une foule importante d'anonymes venus spontanément exprimer leur refus de pardonner aux sanguinaires islamistes et briser la chape d'amnésie que veulent imposer ceux qui ont tendu la main au féroce ennemi d'hier. Après le traditionnel dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe où repose pour l'éternité cet ancien journaliste de l'ENTV arraché à la vie à l'âge de 31 ans et à peine 39 jours après son mariage, une prise de parole a été improvisée par les présents qui ont chacun à sa manière rappelé les qualités du défunt non sans faire le lien avec le contexte politique actuel et de l'époque. C'est ainsi que Belarbi Ahcene, le président de l'Association des Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie, a déploré le fait que les hordes sauvages qui ont assassiné Smaïl et de nombreux autres intellectuels algériens "continuent de se pavaner dans l'impunité sur tout le territoire national", et que Mohamed Haouchine a insisté sur "la nécessité de ce genre de cérémonies afin de perpétuer la mémoire de ces martyrs de la démocratie et du progrès". "À travers cet hommage à Smaïl Yefsah, c'est un hommage à tous ceux qui ont été assassinés dans l'anonymat par l'hydre islamiste. Aucune société ne peut avancer si elle renie ses meilleurs enfants et si elle ne leur rend pas justice", a déclaré, pour sa part, le président du RPK, Hemou Boumedine. Dans l'après-midi d'hier, les activités devaient se poursuivre à Tala Amara avec une exposition et la projection d'un film sur Smaïl Yefsah et, samedi, avec un semi- marathon organisé en sa mémoire par l'association Defi du village Mahriz. Samir LESLOUS