Résumé : Djamel apprendra à Nacéra qu'il aimait son boulot, et qu'en dehors de ses relations il voyageait beaucoup. ll aimait aussi déjeuner régulièrement dans ce restaurant où ils s'étaient rencontrés. Elle sourit. -En somme, tu as un emploi du temps aussi chargé que le mien. -Peut-être plus. Je sais que nous avons des métiers qui se ressemblent quelque part. Toi tu fais la coupe. -Dans le tissu. Et toi dans le béton. Je l'ai déjà entendu. Il rit. -Bien. Alors revenons à toi. Tu es une grande modéliste, et tu veux changer le monde en lançant une nouvelle mode universelle. Voyons ! Tu veux habiller toutes les femmes en saroual, corset ajusté et tarbouche. -C'est fort probable. La mode s'exporte, et une telle tenue ne passera pas inaperçue sous d'autres cieux. -Je n'en doute pas. Cependant, il faut savoir savourer la vie, tant que nous sommes encore jeunes et en bonne santé. Je te proposerais un voyage de noces dans l'un de ces pays de rêve que l'on voit sur les dépliants des agences de voyages. Elle rit, puis pousse un long soupir. -Tu as pensé à tout. -Je ne veux pas te perdre, Nacéra. Il lui prend les deux mains et les garde dans les siennes. -Je ne veux pas te perdre. Je veux que tu apprécies la vie à sa juste valeur et tel que tu l'as toujours souhaité. Il est grand temps pour toi de sortir de ta coquille. Elle garde le silence quelques minutes puis demande : -Tu es sûr d'avoir fait le bon choix, Djamel ? -Tout à fait sûr. Je ne reviens pas là-dessus. Cesse donc de me faire languir, petite chipie. Elle rit avant de prendre un air sérieux pour lancer d'une voix nouée par l'émotion : -Alors dans ce cas-là, Djamel, j'accepte de devenir ton épouse devant Dieu et les hommes. Dans la soirée, alors qu'elle s'apprêtait à se mettre au lit, Nacéra se dit que le destin est parfois incroyable. Elle qui n'espérait plus rien de la vie, la voici promise à un homme extraordinaire, séduisant, gentil, cultivé et a un beau métier. Combien de femmes, bien plus jeunes qu'elle, rêvent de tomber sur un tel parti ? Elle secoue la tête. Incroyable, incroyable, ne cessait-elle de se répéter. Le mariage sera rapidement célébré. Djamel vint lui-même officialiser sa demande. La famille de la jeune femme, ne trouvant aucun prétexte pour refuser, apprécia ce prétendant qu'on n'attendait d'ailleurs plus. Nacéra qui ne voulait pas d'une grande cérémonie se contentera de la présence de sa sœur Maissa, de son amie Hind, et bien sûr de ses ouvrières. Sa mère versera de chaudes larmes lorsque la mariée s'apprêtera à quitter la maison au bras de son mari. Emue, Nacéra ne put retenir les siennes et recommandera à Maissa de prendre soin de la vieille femme, du moins jusqu'à son retour de son voyage de noces. Après un long mois de vacances, le couple rentre enfin et s'installe dans son appartement. Djamel reprend son travail, et Nacéra de son côté rejoint son atelier. Elle retrouve l'ambiance de son métier, et ses ouvrières lui réservèrent un accueil chaleureux. Maissa qui venait de boucler le sixième mois de sa grossesse venait de temps à autre lui rendre visite. Comme elle s'y attendait, Nacéra devina que sa sœur ne menait pas la vie qu'elle espérait. Lyès était exaspérant, voire même insupportable. Il la malmenait et la traitait de tous les noms. Elle confia à sa sœur qu'elle voulait divorcer. Nacéra tente de la raisonner, en lui disant que tout ira mieux une fois que le bébé naîtra. Mais elle savait au fond que sa sœur avait raté sa vie. Par contre, elle... Elle pousse un long soupir et repense à Djamel qui devait encore être au bureau. Un coup d'œil à sa montre lui apprendra qu'il était déjà l'heure de fermer et de rentrer. Voulant faire une surprise à son mari, elle fait quelques courses, puis se rend au cabinet de ce dernier. Il sera sûrement heureux de la revoir, et ils rentreront ensemble tels de jeunes amoureux. Elle pousse la porte du bureau et constate que la secrétaire était déjà partie. Ce qui lui parut logique, étant donné que la journée était bien avancée. Djamel, comme à ses habitudes, travaille sans relâche. Elle le connaissait assez maintenant pour comprendre que son travail comptait énormément pour lui. Et elle ? Elle sourit en repensant à leur voyage de noces et aux somptueux cadeaux qu'il lui avait offerts. Elle aussi comptait pour lui, se dit-elle en déposant ses achats sur une table du secrétariat avant de se diriger vers le fond de la salle pour le rejoindre. (À suivre) Y. H.