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77e partie
Si ma vie m'était contée
Publié dans Liberté le 29 - 10 - 2017

Résumé : Après s'être confiée à Yamina, Nassima s'apprête à la quitter. Avant cela, elle tente de la rassurer sur son avenir... Slimane avait sûrement fait un testament et lui léguait tous ses biens... Entre-temps, elle relancera sur ce fameux projet de bijouterie...
Yamina secoue la tête :
-Je ne pouvais être au four et au moulin... Ma présence était indispensable au magasin, et je ne pouvais travailler sur les deux fronts sans manquer à mon devoir de gérante et d'épouse... Je suis déjà assez dépassée par un programme quotidien bien achalandé.
-Mais maintenant Slimane n'est plus là, vous serez bien plus libre dans vos mouvements...
Yamina secoue la tête :
-Non... Bien au contraire... Je dois tout affronter seule maintenant et...
Nassima l'interrompt :
-Pourquoi pensez-vous que Slimane voulait lancer cette bijouterie ?
Yamina hausse les épaules :
-Je pense que c'est pour faire fructifier davantage son argent... Il investissait dans plusieurs affaires, et une de plus ne pouvait nuire à sa fortune.
Elle fronce les sourcils en voyant que Nassima ébauchait un sourire moqueur...
-Y avait-il d'autres raisons ?
-Mais bien sûr... Slimane était un vieux loup...
Elle soupire :
-Il voulait blanchir son argent...
-Blanchir son argent ? Mais... Enfin, je suppose que tous ses biens étaient honnêtement acquis...
-Plutôt les biens hérités de mon père... Mais le reste...
Elle se met à regarder les nombreuses bagues qu'elle portait aux doigts de ses deux mains :
-Slimane était trempé dans des affaires scabreuses...
Yamina sursaute :
-Mon Dieu... La drogue ?
-Non... Pas la drogue... L'immobilier...
-Heu... Il m'avait parlé d'un projet dans ce sens...
-Il avait acquis des terrains en deuxième main. Des terrains qui appartenaient à des particuliers, mais qui avaient été spoliés par des tiers... Des hommes sans scrupules qui faisaient chanter les véritables propriétaires. Ces derniers étaient passés sous le joug et avaient pour la plupart bradé leurs biens pour une bouchée de pain.
-Mais pourquoi ?
-Dans les affaires, Yamina, pour certains, tous les coups sont permis... On tombe souvent sur des gens dans le besoin qui hypothéquaient leurs biens pour une période.
Mais plutôt que de penser à contracter un prêt bancaire, ils ont recours à l'emprunt. Quelques gros bonnets se proposent alors, moyennant un taux de rendement sans intérêts. Quoi de mieux que de récupérer ses biens sans avoir à payer un impôt supplémentaire ? Mais les choses ne se passent jamais de la sorte.
Une fois l'argent encaissé, ces malheureux se voient mettre le couteau sur la gorge, et le compte à rebours commence pour eux. Le délai fixé pour les remboursements, n'est jamais respecté étant donné qu'ils se débattent souvent dans une spirale de conflits financiers et sociaux. Ils peuvent parfois demander un rallongement, mais le plus souvent les débiteurs s'empressent de régulariser les papiers et accaparent sans plus attendre des biens hypothéqués.
Ce procédé est, en somme, une source très rentable pour ces vautours. Et Slimane avait eu recours, quelquefois, à ce moyen pour fructifier son argent...
(À suivre) Y. H.


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