Le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, a reconnu, hier, lors de son passage à l'émission "L'invité de la rédaction" de la radio Chaîne III, que l'enseignement de la langue amazighe enregistre des dysfonctionnements flagrants. "Ce n'est pas normal de trouver tamazight au palier primaire et pas au palier moyen", a déclaré M. Assad, affirmant qu'il s'agit "d'un travail à consolider" et que "sa généralisation demande beaucoup de moyens et des postes budgétaires essentiellement pour couvrir le maximum de wilayas". Et si "tamazight est généralisée, dès 2018, de manière graduelle avec le secteur concerné dans le cadre d'une commission mixte instituée depuis février 2014", ajoute le SG du HCA, il n'en demeure pas moins que "cette langue enseignée dans 37 wilayas, avec un effectif de 166 000 apprenants", exige "un travail de sensibilisation et l'encadrement par le contingent des enseignants". "Quand on parle de 13 wilayas restantes, cela veut dire que le ministère de l'Education nationale doit faire l'effort de consolider l'enseignement de tamazight au cycle primaire et d'autres cycles." Aux yeux de M. Assad, "la loi de 2008 est en contradiction avec les dispositions de la Constitution ! Dans son article 34, ce texte explicite que tamazight doit être exprimée comme une demande sociale. Aujourd'hui, elle revêt un caractère national et officiel ; du coup, des amendements s'imposent. Il est nécessaire d'imposer, dans le cadre de la concertation, tamazight dans les trois paliers de l'enseignement". Abordant la place de tamazight à travers les 37 wilayas, M. Assad a également reconnu que "sur 28 000 établissements scolaires que compte le pays, la place de tamazight est insignifiante. Tamazight est consolidée dans la Constitution depuis 2016, donc il y a un travail à faire, à savoir lister tous les textes qui doivent se conformer à la loi fondamentale". Concernant le lancement d'une académie, annoncée dans la Constitution, M. Assad a indiqué que "la loi organique portant officialisation de tamazight a été inscrite au Parlement". "Je vous annonce que l'académie de la langue amazighe verra le jour en 2018. C'est une institution". Appelant à recadrer le débat, M. Assad estime que "ce qui se dit actuellement au sujet de tamazight relève de la manipulation". "Cela étant dit, il ne faut pas porter atteinte à tamazight. Nous sommes en face d'une situation d'incompréhension, car il y a de la manipulation. Mais, le dossier de l'amazighité évolue sensiblement, d'autant que nous irons vers des projets structurants, en sus des acquis enregistrés depuis 2016", explique-t-il. Annonçant l'introduction d'un module d'enseignement dans le secteur de la justice, le SG du HCA a également révélé la prochaine implication de tous les secteurs, comme celui du tourisme pour la formation des guides et l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav). "Il faut plus de places dans les télévisions publiques et privées. Je vous annonce aussi le prochain lancement d'un journal en tamazight", a encore développé M. Assad. FARID BELGACEM