Les banques commerciales seront appelées à prêter des devises. La dernière note de la Banque d'Algérie sur l'utilisation de la devise par les banques ouvre de nouvelles perspectives aux banques commerciales dans l'utilisation de la devise déposée par la clientèle, qu'il s'agisse des particuliers ou d'entreprises. "C'est une note positive, attendue depuis fort longtemps", commente Farid Bourennani, spécialiste de l'économie réelle. La nouveauté pour les particuliers et les entreprises qui ont des comptes devises, c'est que leur argent en monnaie étrangère sera mieux rémunéré, alors qu'il rapporte aujourd'hui moins de 1% , ajoute-t-il. Quant à l'inquiétude sur la disponibilité de leur argent quand ils en auront besoin, pas de souci, la Banque d'Algérie est garante de cette disponibilité ou de cette liquidité en devises. Cela dit, en clair, un nouveau marché de la devise s'ouvre pour les banques commerciales. Les banques de dépôt, publiques ou privées, peuvent, désormais, à partir de janvier prochain, utiliser les comptes devises des déposants : particuliers à hauteur de 70%, les 30% sont déposés à la Banque d'Algérie. Auparavant, la totalité était déposée à la Banque d'Algérie. Ce qui limitait l'activité des banques commerciales en matière d'utilisation de la devise. Les banques vont devoir se prêter entre elles sur le marché interbancaire : celle qui a besoin de devises emprunte sur ce marché des devises auprès d'autres banques en situation d'excédent. La course à la devise des exportateurs Nouveauté essentielle : les banques commerciales à partir de devises contenues dans les comptes des particuliers ou des entreprises vont pouvoir prêter aux opérateurs des devises. Imaginez des importateurs qui, à cause des restrictions aux importations, ne peuvent domicilier leurs opérations pour l'importation de biens car inscrits sur la liste des produits soumis aux licences d'importation. Ils peuvent désormais emprunter des devises pour leurs importations soumises à restrictions. Les banques joueront ainsi leur rôle d'intermédiation. Elles collectent de la devise auprès de particuliers et d'entreprises et transforment ces montants en monnaie étrangère déposés en prêts en devises. Tout cela a pour conséquence que les dépôts en devises seront mieux rémunérés qu'aujourd'hui : probablement entre 3 et 5% contre 0,5% actuellement. Des taux attractifs. Les taux d'intérêts des prêts en devises pourraient être portés entre 5 et 7%. Autre avantage de cette note : les devises déposées par les exportateurs peuvent être utilisées par les banques commerciales. Il faut savoir que sur une opération d'exportation, l'exportateur bénéficie de 50% du montant de l'exportation en devises qu'il dépose dans un compte devises en Algérie, le reste étant attribué à la Banque d'Algérie. L'argent en devise de l'exportateur sera, dans la logique de cette note, mieux rémunéré qu'actuellement. Du coup, les banques seront mises dans une véritable situation de concurrence. "Elles seront en course pour attirer l'argent en devises des exportateurs. À qui drainera le plus d'exportateurs ? Ce qui ne pouvait se faire auparavant", explique Farid Bourennani. Un petit bémol cependant, cette note apporte une solution parcellaire au manque de devises. Il faudra la compléter par d'autres textes qui libèrent la politique de change du pays. Par exemple, inciter les Algériens résidant à l'étranger à déposer leurs devises en Algérie, en leur proposant une rémunération supérieure à celle pratiquée en France ou en Europe, suggère Farid Bourennani. K. Remouche