La section syndicale prendra attache avec l'inspection du Travail pour lui demander, cette fois-ci, quelle serait la meilleure démarche à suivre pour que la grève soit déclarée "légale" ? Même s'il a préféré suspendre sa grève, suite à la décision de justice déclarant le débrayage "illégal", le personnel navigant commercial (Pnc) d'Air Algérie n'écarte pas le recours à une autre action de protestation à l'avenir. Cela dépend du sort que réservera la Direction générale (DG) à leurs revendications. Le Syndicat national du Pnc (SNPNC) attend toujours une ouverture du dialogue de la part de la DG pour négocier une augmentation salariale. Le SNPNC a déclenché le mouvement de grève car, estime son secrétaire général, Karim Ourad, la DG a fermé les portes des négociations et refusé de mettre en œuvre le protocole d'accord qui prévoit un échéancier de revalorisation salariale sur 18 mois. Ces employés parlent en fait d'une "régularisation des salaires" revendiquée dès l'année 1999. Ce document a été paraphé par le PNC et l'ancien P-DG en janvier 2017. Mais depuis, l'administration n'a pas respecté ses engagements. L'indifférence manifestée à ce propos par les dirigeants de l'entreprise a contraint ces travailleurs à débrayer. Il faut dire que leur action revendicative a provoqué une véritable pagaille et causé des désagréments aux voyageurs, lundi, dans plusieurs aéroports. Ce qui a poussé la DG à introduire une requête en justice en référé près le tribunal de Dar El-Beïda qui a déclaré la grève illégale et fait obligation aux grévistes de ne pas entraver le fonctionnement des services de la compagnie nationale. "Nous avons respecté la décision de la justice. Nous ne sommes pas des hors-la-loi. Personne n'est au-dessus des lois de la République", avoue M. Ourad. Le SNPNC a fait preuve de sagesse, rappelé par le ministre des Transports. "Vous avez pris une sage décision", leur a signifié, lundi, Abdelghani Zaâlane. Pourtant, "nous avons déposé un préavis de grève le 31 décembre 2017 auprès de l'inspection du Travail et à la DG avec accusé de réception. Mieux, nous détenons à notre niveau un fax émanant de l'inspection du Travail, daté du 2 janvier, qui, non seulement, confirme le dépôt du préavis de grève, mais mentionne également qu'une séance de négociations sera programmée avec la DG", affirme le SG du SNPNC. "Nous avons un dossier complet qui confirme ce que nous avançons", soutient-il mordicus. Le syndicat s'est présenté aux trois réunions prévues à l'inspection du Travail mais, déplore M. Ourad, la DG a brillé par son absence. Lettre ouverte au président de la République si... Une chose est certaine, si l'administration campe sur sa position, le SNPNC en appellera au président de la République à travers une lettre ouverte. La section syndicale prendra attache également avec l'inspection du Travail pour lui demander, cette fois-ci, quelle serait la meilleure démarche à suivre pour que la grève soit déclarée "légale" ? Cela dit, les syndicalistes attendent encore un geste de la part de l'administration pour ouvrir les voies de la concertation. Or, leur espoir semble être éphémère, notamment après les déclarations, jugées peu convaincantes, du directeur commercial de la compagnie, Zouhir Haouaoui, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III. Tout en soulignant que le relèvement des salaires n'a pas été remis en cause et qu'il s'agit seulement d'un "gel", M. Haouaoui précise, en revanche, que dans les conditions actuelles, l'entreprise n'est pas en mesure d'assurer cette augmentation sans mettre en danger son équilibre financier. Il rappelle que l'ensemble des 9 000 salariés d'Air Algérie, dont le personnel naviguant, avait été informé de la situation financière défavorable qui prévaut au sein de la compagnie. L'accord conclu en 2017 ne pourrait être appliqué qu'"une fois que la compagnie se portera mieux, mais pour le moment, l'équilibre financier est assez fragile", indique-t-il. Air Algérie évolue dans un environnement très concurrentiel alors que "l'objectif est de pouvoir préserver les emplois", relève M. Houaoui. "Les aveux du directeur commercial ne font qu'envenimer les choses", commente M. Ourad, qui regrette le fait que le P-DG ne s'exprime pas clairement sur ce sujet et n'évoque pas d'arguments valables justifiant ce gel. Par contre, conclut-il, pour affréter des avions en devises, l'argent existe ! Le personnel, quant à lui, peut attendre... B. K.