Les premières victimes de la grève illimitée des enseignants affiliés au Cnapeste-Béjaïa sont incontestablement les élèves. Une vérité que personne ne peut contredire. Pour savoir ce qu'en pensent les premiers concernés, nous nous sommes rapprochés de certains lycéens. Les premiers interviewés, nous les avons abordés devant le lycée El-Hamadia, ex-Polyvalent, où deux élèves étaient en train de discuter. L'un scolarisé au lycée El-Houria dans l'ancienne ville et l'autre au lycée polyvalent. Lorsque nous les avons interrogés, leur réponse a été immédiate : "Nous sommes très perturbés par cette grève de nos enseignants." Et de déplorer le fait que "certains travaillent et d'autres pas". "Nous venons chaque jour au lycée pour 2 ou 3 heures de cours intermittents", nous déclarera un autre groupe d'élèves de 2e et 3e AS, série scientifique et scolarisé au lycée El-Houria. "Nous habitons à Amtik et nous déboursons chaque jour 100 DA pour les frais de transport plus ceux de nos sandwichs pour 3 heures de cours au maximum", ajoute-t-on en colère. "Les enseignants doivent penser à nous. Nous ne voulons pas d'une année blanche. Nous, on demande une seule chose. Que notre scolarité soit assurée", insistent les mêmes élèves. Un avis partagé par leurs camarades du lycée polyvalent. "Quand bien même les revendications de nos enseignants sont légitimes, ils n'ont pas le droit de nous prendre en otage. Surtout que la grève ne concerne que notre wilaya", déclareront-ils avec dépit. Ces derniers sont unanimes à soutenir que la responsabilité dans ce conflit est partagée entre le Cnapeste et la direction de l'éducation de Béjaïa. "L'académie doit prendre en charge les revendications de nos enseignants. Et nos enseignants ne doivent pas recourir à une grève illimitée qui risque d'hypothéquer notre année scolaire", a-t-on estimé. Et à notre question : "Y a-t-il des enseignants qui donnent des cours de soutien ?" Tous affirment sans ambages qu'il y a des enseignants, notamment des grévistes, qui dispensent des cours de soutien, d'où leur incompréhension. "Il y a des enseignants qui donnent des cours de soutien même chez eux à raison de 3 000 DA la séance de 2 heures pour des élèves dont les parents peuvent se le permettre", révèlent certains élèves à ce sujet. Ils trouvent que ce n'est pas honnête de leur part. Et, visiblement, ces élèves en ont gros sur le cœur et se disent qu'ils ne peuvent plus en supporter cette grève de leurs enseignants. "Si ça continue ainsi, nous allons va investir ‘bruyamment' la rue et vous pouvez citer mon nom", nous a déclaré un élève en classe de terminale qui a décliné son identité, comme pour dire : "Nous en avons ras-le bol et je n'ai peur de personne." L. O.