Ce matin, après des mois d'économie pour ces précieux 3 jours de repos, je me dirige vers l'aéroport d'Alger "Houari Boumediene" munie de mon passeport, de mes bagages, et totalement prête à ne plus penser ni à mon boulot, ni aux nombreux aléas de la vie. Un peu anxieuse en raison des nombreux retards recensés par la compagnie aérienne nationale d'Air Algérie ces dernières années, mais bien loin de me douter de ce qui m'attend en ce désastreux jour de 22 Janvier 2018. En effet je n'imaginais pas une seconde qu'à mon arrivée je trouverais le personnel navigant en grève, serait-ce de la malchance ? La loi de Murphy ? Le destin ? Je n'eus pas le temps de réfléchir à ma malheureuse existence, je voulais des réponses, pourrai-je embarquer aujourd'hui ? Est-ce une grève générale ? Le nombre d'être humain par mètre carré dans cet aéroport déjà petit à l'origine, me stressait davantage. Tout ce que je voulais c'était des vacances, après tant d'années à passer mes congés chez moi, faute de moyens mais aussi de temps, je me permis de prendre quelques jours et envisageais de profiter d'un programme riche en découverte, et pauvre en maux de tête. Quelque peu effondrée je cherche à savoir quelles sont les raisons de leur grève, peut-être qu'elles sont légitimes, qu'ils demandent leurs droits et, qu'en tant que membre actif de la société je devrais les soutenir, cette pensée me soulageait légèrement. Jusqu'à ce que j'apprenne par un des voyageurs qui papotait à côté de moi leurs véritables revendications : Une augmentation de salaire ! Oui, jusqu'ici tout paraît normal, mais à un salaire déjà relativement élevé (par rapport au smic, bien évidement) devrions nous rajouter quelques liasses de billets ? Et bien l'ancienne direction d'Air Algérie a répondu OUI, mais la nouvelle elle, plus au courant de l'état financier de la compagnie nationale et de la crise économique qui touche le pays, a rudement gelé toute augmentation demandée par les employés, ce qui nous amène à cette grève surprise dont je me serais passée volontiers. Les gens commencent à s'impatienter, certains dont le sang est chaud élèvent la voix pour protester, moi, de nature plutôt calme, je bouillonne de l'intérieur mais de façade, j'ai l'air plutôt sereine. Quand l'aéroport d'Alger se transforme en fourmilière... Je réfléchis, et peu à peu l'idée de défendre et soutenir ces grévistes s'évapore avec celle de changer de territoire dans les heures à venir, Air Algérie emploie 10000 personnes comme personnel naviguant, alors que nos voisins du Royal Air Maroc n'en possède que 3000, nous connaissons tous le service qui nous est attribué durant nos voyages et on ne peut pas dire qu'il soit à l'image du prix de nos billets. Au fur et à mesure que les heures passent j'en apprends davantage sur la situation, et je deviens presque une professionnelle concernant cette grève. Apparemment, le service minimum n'a même pas été effectué, ce qui explique le monde fou dans cet endroit, d'ailleurs je commence à étouffer. J'ai aussi entendu parler des pilotes qui menaçaient d'en faire autant dans les mois à venir, cela risquerait de ternir l'image de la compagnie qui perd déjà beaucoup à cause de cette grève à l'étranger comme ici en Algérie. Je pense aussi aux milliers de voyageurs qui comme moi, voient tous leurs projets partir en fumée, mais aussi ceux qui devaient voyager pour des urgences, un membre de la famille qui s'éteint, un rendez-vous d'affaires important, une opération chirurgicale délicate. Tout à coup, la raison de mon malheur ne me paraissait plus aussi dramatique, et là, je relativise et me dis que j'aurais peut-être dû réserver un jour avant. Farah BOUCHERIT Partenariat Réd-DIG-"Liberté"(#RDL)/NOMAD (EPAU)