On va à l'exposition de Mustapha Ghedjati, comme lorsqu'on entre dans une galerie de glaces, où l'éclat de l'attrait irise l'œillade du visiteur qui va ainsi d'une toile à l'autre, sans qu'il lui soit aisé de mettre un titre sur des toiles qui ajoutent au silence de la galerie Mohammed-Racim mais qui font naître de l'harmonie dans l'alliance de l'art et du dessous des... toiles. Est-ce parce qu'il y a de la sobriété dans l'acte didactique ou de l'humilité dans la démarche du professeur d'éducation artistique ? Ou qu'il y ait aussi de la rusticité qui ruisselle de la vasque de l'Aïn El-Fouara de Stif El Âali, d'où est originaire l'auteur de ces toiles ? Quoi qu'il en fut, il y a la magie de l'eau qui éblouit les toiles du fait qu'elles restent vives dès qu'on les effleure du regard ! Stoïques, à l'image de belles Spartiates, ces toiles pullulent de féérie mais pas de l'austérité. Du reste, la visite à l'exposition de l'artiste-peintre Mustapha Ghedjati obéit d'abord à l'exercice du jeu de l'énigme que doit élucider le visiteur. Mieux, on eut dit que l'artiste-peintre Mustapha Ghedjati a fertilisé ses toiles à l'inventif terreau de Bled Sidi El Kheir, ce saint parton de l'antique Sétifis, d'où ont éclos les couleurs, où s'énoncent aussi le ton de l'immensité des champs d'épis d'or d'Aïn-Arnat où s'abreuvent le corbeau mais aussi la colombe, porteuse du rameau de paix en ce jour de la Victoire du 19-Mars 1962. Du reste, l'aura de l'art du semi-figuratif a accaparé l'espace Mohammed-Racim, afin de souhaiter la bienvenue au visiteur au son de la ghaïta de l'inégalable "S'raouistaïfi" qui conte l'amour mais aussi la rupture d'avec les siens, notamment durant le douloureux feuilleton du 8-Mai 1945. D'où que le "Sraoui" eut été élu au rang "d'une mélodie de la patrie et de la citoyenneté" lors de la 10e édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson sétifienne (2017) : "Les couleurs de mes toiles énoncent les choses de la vie et humanisent l'amour et la souffrance à l'aide de l'esquisse de mouvements et de formes. D'où qu'il me soit difficile d'octroyer un titre à ma toile. En effet, la faisabilité de la chose est d'autant plus ardue, notamment à l'ultime touche de la finition, où il m'est pénible de trouver le juste mot pour y créer le sens qui soit idoine à ma toile. Peut-être bien qu'elle (la toile) m'échappe de par le sens qu'elle symbolise et à ce sujet, je me suis résolu à céder ce droit de titraille au visiteur afin qu'il fasse la lecture qu'il veut". L'optique ambitionne d'amener le visiteur à disserter sur l'œuvre et l'amener à une critique qui puisse m'orienter à me situer dans le paysage pictural et m'aider à aller de l'avant. Voilà qui est fait ! Quant à l'artiste, il attend que vous lui fassiez part de vos critiques et suggestions à la galerie Mohammed-Racim, où il vous attend jusqu'à aujourd'hui. Louhal Nourreddine