L'espace est chaleureux, accueillant, le texte est là, posé sans être imposé aux regards, sur la foi de la confidence, le peintre nous dit bonjour et nous annonce qu'il y a 62 peintures proposées au regard. Ses mots disent en substance : «Bonjour chers visiteurs voici enfin prêtes mes œuvres que j'expose devant vous. Ces œuvres parlent de romance, d'amour, de souffrance. Dans chaque tableau je mets des couleurs, des mouvements, des formes. Une fois la réalisation finie, hélas le sens me dépasse et devient pour moi-même incompréhensible. Pour cela, j'ai décidé de ne point donner de titre et je laisse chaque œuvre sans titre...». Cet ancien inspecteur de l'éducation artistique à l'affabilité bien installée, aujourd'hui à la retraite, laisse la part belle à un art de l'abstraction lyrique et aux «recettes» savantes qui le mettent dans une catégorie d'artistes intéressants, sans doute novateurs sur quelques pistes colorées et entreprises dans une farouche inspiration. Mustapha Ghedjati qui gère aussi la galerie du Mall de Sétif a quelques années de parcours derrière lui et aussi de belles promesses artistiques qui nous attendent. Cette fois, à la Galerie Racim, il nous propose de grands formats à l'huile ou à l'acrylique, des petits formats fait d'encres de vernis et de mixtures très esthétiques. Ce sont, en général, de belles compositions qui investissent le support de manière tellurique, entre affection pour Mohammed Khadda ou de Staël, Ghedjati plonge ses pinceaux dans un entre-deux qui lui appartient, il expose souvent ici et ailleurs, entre l'Année de l'Algérie en France, la ville de Rennes qui est jumelle avec celle de Sétif, il balade ses expressions abstraites et épurées sur des formats larges, terreux, oxydés, souvent mouvementés ; de temps à autres sereins sur des pistes colorées sincères et à l'éthique artistique assurée. Au fil des peintures et des mots, il déplore qu'il ne reste que quelques inspecteurs d'éducation artistique (de 100 ils sont descendus à 30) sur le territoire, attristé de voir aussi que les ventes artistiques périclitent. Ces années de sang ont aussi grevé l'amour de la chose artistique, ce qui n'a pas rendu facile la chose artistique. Et puis, ces rayons de soleil qui investissent la galerie, des gens qui lui affirment une qualité artistique indéniable, le public est impressionné par sa prolificité, son talent technique et la force de son inspiration sur ces peintures élaborées entre 2010 et 2017 et qui nous donnent un avant-goût de ce que nous offrira dans le futur Mustapha Ghedjati qui ne compte pas s'arrêter là. La modestie en bandoulière, le plasticien poursuit son bonhomme de chemin avec des projets futurs qui ne manquent pas d'intérêt. Dans l'humilité et la bonhommie, il poursuit sa route en nous laissant des indices colorés de son art consommé de bien dessiner le monde qui l'entoure et, en nous donnant envie de comprendre son lyrisme dans l'abstraction organique qu'il nous propose au regard. Voila un artiste à suivre de près, si on peut le capturer dans les rets d'une discussion partagée... Exposition de peintures, «Sans titres» de Mustapha Ghedjati, Galerie Mohammed Racim, 7 avenue Pasteur, Alger, du 8 au 29 Mars 2018, entrée libre