Plus de 80 ONG et près de 300 personnalités algériennes et étrangères ont signé cette pétition pour appeler le gouvernement algérien à respecter ses engagements et à cesser les expulsions massives des migrants. Moins d'une semaine après la réponse du ministère des Affaires étrangères aux organisations non-gouvernementales (ONG) et au porte-parole du bureau du Haut-Commissaire des droits de l'Homme des Nations unies concernant les conditions dans lesquelles auraient été reconduits, dans leurs pays respectifs, des migrants séjournant illégalement sur le sol algérien, une pétition internationale a été lancée, ce week-end, par des dizaines d'associations et de personnalités nationales et internationales, des syndicats et des ONG activant dans le mouvement associatif et des droits de l'Homme. Dans une déclaration intitulée "Nous sommes tou(te)s des migrant (e-s) adressée au gouvernement algérien, les signataires de ladite pétition ont "expressément" appelé le gouvernement "à respecter ses engagements d'appliquer les conventions internationales relatives aux droits des travailleurs migrants et aux droits des réfugiés, ratifiées par l'Algérie, ainsi que les recommandations de l'EPU et du Comité des travailleurs migrants (CWM), qui ont été récemment formulées au siège des Nations unies, à Genève", "à mettre en place, en urgence, un cadre légal national respectant les droits des travailleurs migrants, ainsi qu'une loi d'asile qui permet leur accès au statut de réfugié et qui garantit leur protection face à toutes formes d'abus ou d'exploitation", "à cesser de faire l'amalgame entre les luttes contre le trafic et le terrorisme — légitimes quand il s'agit de la sécurité nationale — et l'obligation du respect des droits des réfugiés et des migrants travailleurs" et, enfin, "à cesser les opérations d'expulsions collectives des migrants travailleurs et des demandeurs d'asile". Le collectif initiateur de cet appel affirme que l'Algérie a procédé, depuis le début de l'année 2018, à "une campagne généralisée d'arrestations arbitraires, suivies d'expulsions collectives et massives", et qui avait touché des migrants originaires d'Afrique. Rappelant que le Niger était le seul pays qui avait négocié dès 2014 un accord avec le gouvernement algérien pour le rapatriement de ses ressortissants, dont la majorité sont des femmes et des enfants, les signataires ont déploré que le refoulement de 1 500 migrants aux frontières du Grand-Sud se soit déroulé "sans aucune décision de justice" et qu'"il n'existe aucun accord de réadmission ni de demandes formulées par les gouvernements respectifs de ces pays pour d'éventuels retours de leurs ressortissants". Dénonçant l'écart entre le discours officiel et la réalité qui prévaut sur le terrain, ces signataires ont également déploré le fait que le gouvernement algérien "présente ces opérations d'expulsion comme des rapatriements à titre humanitaire" et que "les migrants ciblés par cette campagne sont en majorité des femmes et des hommes qui travaillent". C'est pourquoi, ils dénoncent "fermement ces opérations d'expulsions arbitraires, ciblant des milliers de migrants subsahariens, dont certains sont en extrême vulnérabilité". Ouverte à d'autres soutiens pour faire pression sur Alger, cette pétition a été signée par plus de 80 ONG, dont plus de 60 organisations internationales, notamment de France, du Maroc, de Belgique et de Tunisie, et par près de 300 personnalités algériennes et étrangères. FARID BELGACEM