Le vaste remaniement de la composante du bureau politique du FLN, opéré par le secrétaire général, Djamel Ould Abbes, mercredi dernier, suscite déjà une vague d'interrogations dans les bases arrière du vieux parti. Le procédé, pour le moins inédit, adopté par Ould Abbes, alors qu'aucune date n'est fixée pour la tenue d'une session du comité central, rend davantage indicible sa démarche. Le secrétaire général du FLN, qui a beau certifier que ces changements, qui ont touché les trois quarts des membres du BP, ont eu l'aval de la plus haute autorité du parti, le président Bouteflika en l'occurrence, ne sera pas pour autant exempt des attaques de ses adversaires qui auront, paradoxalement, toute la latitude et le temps pour affuter leurs armes et aiguiser les ripostes. Pour un parti rompu aux jeux des coulisses, la tradition qui a présidé de tout temps dans de tels événements, y compris pour des changements de moindre envergure, était de réserver tous les effets d'annonce à la veille du conclave du CC. Un modus operandi que vient justement de rompre Djamel Ould Abbes sans pour autant l'étayer par un argumentaire politique pour justifier sa conduite dans une conjoncture que lui-même juge de cruciale étant donné la proximité de la présidentielle de 2019 et sa propre quête pour conduire la campagne pour le 5e mandat. D'ailleurs, ne fait-il pas déjà du bilan des deux décades de la présidence de Bouteflika un ordre du jour prioritaire de la prochaine session du comité central ? Une thématique qui serait à même de reléguer au second plan le débat sur l'opportunité des changements opérés au BP et de leur approbation par le CC qui n'a toujours pas tenu de session depuis l'arrivée de Djamel Ould Abbes à la tête du parti. Une session maintes fois annoncée, puis reportée et qui devient inéluctable pour valider la composante du nouveau bureau politique. Mais, à s'y méprendre, cette perspective peut s'avérer, néanmoins, périlleuse pour Djamel Ould Abbes, après avoir jeté un véritable pavé dans la mare déjà trouble du vieux parti, en s'offrant un casting qui ne fait guère l'unanimité. Pour l'exemple, le secrétaire général du FLN vient de repêcher une figure largement controversée aussi bien au sein du parti que par la justice et l'administration centrale. En effet, l'ex-député, Ahmed Fouad Kharchi, qui est en butte à de sérieux ennuis avec la justice, fait partie du personnel de confiance de Djamel Ould Abbes et figure parmi les quinze nouveaux membres du bureau politique. Le concerné aura bénéficié d'un sursis de plus de dix ans, deux mandatures d'immunité durant lesquels il avait occupé à l'APN les postes de président de la commission juridique et de vice-président de la commission de défense. Il est poursuivi par la justice, notamment pour mauvaise gestion à l'Onou de Constantine où il occupait le rang de directeur d'une résidence universitaire avant 2007. Il y a deux semaines, un vote à la majorité des voix, excluant Ahmed Fouad Kharchi de ses fonctions de vice-président, a été exprimé en plénière. Une procédure intervenue suite à une saisine officielle du P/APW de Constantine par le ministère de l'Intérieur, enjoignant à ce dernier l'application de l'article 45 du code de wilaya stipulant l'exclusion des élus de cette Assemblée en cas de poursuite judiciaire, de surcroît s'agissant d'une action judiciaire publique. Un cas qui ne manquera pas de faire les choux gras des détracteurs de Djamel Ould Abbes, d'autant plus que celui-ci a fait fi d'une disposition prise par une tutelle de souveraineté. Kamel Ghimouze