Identifier les meilleures techniques disponibles dans le monde pour jeter les jalons de l'économie dite de "zéro déchet". Les conditions liées au lancement d'un marché de l'incinération proprement dit sont-elles réunies en Algérie ? L'industrie de transformation des déchets en énergie alternative est-elle possible et opportune à présent, d'autant que les déchets, notamment industriels, ont toujours constitué une problématique fort complexe de par les techniques de traitement ou de gestion ? Cette question, qui se veut une équation économique et écologique à la fois, était hier au centre d'un séminaire international à Alger, qui a regroupé des gestionnaires de cimenteries et des chercheurs universitaires nationaux et d'autres venus du Canada et de Suisse. La rencontre se veut un forum d'échange et de concertation afin d'identifier les meilleures techniques disponibles dans le monde pour jeter les jalons de l'économie dite de "zéro déchet". Organisé par la Société des ciments de la Mitidja, le séminaire a offert l'opportunité de présenter et d'étudier les premiers tests technologiques des combustibles alternatifs injectés dans le four de la cimenterie de Meftah. En fait, la cimenterie de Meftah avait initié un projet à titre expérimental qui consiste en l'intégration de déchets industriels récupérés et transformés en combustibles de substitution par le procédé dit co-incinération. Ce procédé révolutionnaire d'élimination de résidus offre des atouts techniques et environnementaux qu'aucune autre solution ne garantit. Il faut savoir que la production du ciment via un four puissant nécessite un combustible traditionnel fossile, le gaz en l'occurrence. Le four de Meftah consomme une moyenne de 100 millions de m3 pour produire 1,2 million de tonnes de ciment/an. Ce nouveau procédé, s'il venait à être adopté et généralisé aux autres cimenteries, garantirait un schéma économique gagnant-gagnant entre tous les intervenants dans le processus dit "zéro déchet". Les générateurs de déchets, les utilisateurs de ces mêmes résidus, les pouvoirs publics en tant que garants par excellence de la protection de l'environnement, trouvent leur compte. Le producteur de déchets fera, à la faveur de la co-incinération, le coût de traitement. Le gestionnaire de cimenterie fera des compensations financières en échange. Les pouvoirs publics contribueront à la réduction de l'impact écologique. Les déchets industriels, les huiles et les pneus usagés, les boues d'épuration ou encore des déchets ménagers triés constituent des matières transformées en combustibles alternatifs. La co-incinération désigne la mixtion énergétique dans la fabrication du ciment. La moyenne d'utilisation de l'énergie mixée dans le monde est de l'ordre de 75% en énergies fossiles et 25% de déchets détruits. Les cimenteries algériennes aspirent, dans trois à six années, à atteindre un taux de co-incinération de 70% et 30% de résidus récupérés. Les experts nationaux présents au séminaire, qui plaident pour la généralisation à travers les 22 cimenteries ouvertes au niveau national, affirment que l'Algérie économisera jusqu'à une valeur de 400 millions d'euros de gaz à la faveur de ce procédé. Ce projet innovant et pilote de la cimenterie de Meftah, une fois la technique maîtrisée, sera dupliqué aux autres cimenteries. Un tel challenge relevé contribuera à la création d'une nouvelle branche économique dont le coût d'investissement sera moins élevé qu'un centre d'enfouissement technique. Hanafi H.