Pour trouver des débouchés à ses produits touchés par les taxes punitives américaines, l'Union européenne applique des mesures de réciprocité, à commencer par l'acier. La Commission européenne a annoncé hier que les mesures dites "de sauvegarde" destinées à protéger l'industrie sidérurgique européenne de l'acier étranger qui ne trouve plus de débouchés aux Etats-Unis à cause des taxes punitives de Donald Trump entreront en application aujourd'hui. La commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, a expliqué dans un communiqué que "les droits de douane américains (...) entraînent un détournement des échanges, ce qui pourrait causer de graves préjudices aux sidérurgistes et aux travailleurs de l'UE", avant d'ajouter : "Nous n'avons d'autre choix que d'introduire des mesures de sauvegarde" pour protéger l'industrie européenne "contre une poussée des importations". Il est clair qu'il s'agit d'une réponse directe à la décision des Etats-Unis d'imposer depuis début juin 2018 des droits de douane punitifs de 25% sur l'acier européen. Rappelons que l'UE a déjà déposé, à l'instar d'autres pays, une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre cette une décision américaine et qu'elle attend une réponse. Ceci dit, l'Union européenne a entrepris d'autres démarches pour contrer les mesures protectionnistes américaines en s'accordant d'abord avec Pékin sur la nécessité de "défendre le multilatéralisme et le libre-échange", mais également en signant un accord commercial historique avec le Japon, qui couvre près d'un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial. C'est dire que le conflit commercial entre l'UE et les Etats-Unis risque de s'aggraver, d'autant plus que Donald Trump a menacé de taxer les importations américaines de voitures produites dans l'UE. Dans ce cadre, le constructeur français «-PSA Peugeot Citroën envisage d'abandonner son projet de retour aux Etats-Unis et se tourner vers le Canada si Washington va au bout de son projet d'imposer 25% de taxes supplémentaires sur les voitures importées. Dans la perspective de désamorcer ces tensions, le président de la Commission européenne doit se rendre à Washington le 25 juillet pour y rencontrer le président américain. Il n'en demeure pas moins que Jean-Claude Juncker a prévenu hier que "les efforts de Donald Trump pour ‘diviser les Européens' sur le plan commercial étaient ‘vains'". Pour en revenir aux mesures de l'UE sur l'acier, elles concernent 23 catégories de produits, et sont mises en place de manière provisoire, le temps qu'une enquête de la Commission lui permette de prendre une décision finale, "au plus tard début 2019". Selon l'Exécutif européen, ces mesures prendront la forme de contingents tarifaires, c'est-à-dire qu'au-delà d'un certain quota d'importation, des droits de douane de 25% commenceront à être appliqués. Merzak Tigrine