Le sit-in organisé par des travailleurs étrangers, à l'ombre des tours Mobilart, avait focalisé toutes les attentions et suscité les interrogations des Oranais. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours que la rue assiste à une manifestation de travailleurs chinois brandissant des banderoles et dénonçant le Groupe Belazzoug. Le promoteur Chaâbane Belazzoug, premier responsable du groupe éponyme, a voulu apporter des précisions sur cette action qu'il qualifie d'emblée de "chantage", affirmant que c'est lui "la victime" dans cette affaire. Il s'explique : "Les travailleurs chinois, qui ont manifesté près du pont Zabana, à Oran, pour réclamer le paiement de leurs salaires, ne sont pas des travailleurs de notre groupe. Ils sont manifestement manipulés par leur employeur, l'Eurl GAEA China, en les incitant à brandir des banderoles faisant croire que le Groupe Belazzoug est directement concerné par leur problème." Pour notre interlocuteur, le but est de tromper l'opinion publique et de faire pression sur lui dans un litige commercial qui est actuellement pendant devant la justice algérienne. Le promoteur algérien accuse notamment l'entreprise de construction chinoise de recourir à des procédés d'un autre âge pour faire pression sur lui. Chaâbane Belazzoug ajoute que "c'est cette entreprise appartenant au groupe GAEA, qui compte plusieurs autres filiales activant en Algérie, qui est la seule responsable et la seule concernée par les revendications de ces travailleurs, et de fait, c'est un problème strictement interne à la société GAEA China". Quant à la somme réclamée par les Chinois, estimée à 24 milliards de centimes pour la réalisation à Oran de deux tours de logements haut standing (R+20), un hôtel de 200 chambres, un hôtel-appart et un ensemble de villas, le promoteur algérien tient à préciser que c'est plutôt GAEA China qui a des dettes auprès de son groupe et non le contraire. "GAEA China et le Groupe Belazzoug se sont associés pour acquérir en copropriété, en 2016, une société versée dans la promotion immobilière, avec un capital social de 360 millions de dinars. 51% (soit 184 millions de dinars) sont détenus par mon groupe et 49% (176,4 millions de dinars) étant une participation de l'Eurl GAEA China représentée par son patron Qin Jianjun", affirme Chaâbane Belazzoug, qui souligne que "la participation du partenaire chinois a été consentie sous forme de dettes contractées". En effet, et dans un PV de réunion des deux parties, daté du 25 novembre 2017, il est clairement stipulé que les 176,4 millions de dinars "vont être déduits du montant des travaux de GAEA China Construction qui les lie à M. Belazzoug". Pourtant, le 28 février 2018, l'Eurl GAEA China envoie un courrier au Groupe Belazzoug pour lui signifier son intention de se désister de la co-entreprise de promotion immobilière, "sans toutefois payer ses dettes qui s'élèvent à 176,4 millions de dinars qui représentent sa participation dans l'acquisition de la société", explique notre interlocuteur. Sur cette base, Chaâbane Belazzoug affirme de nouveau que ce sont les Chinois qui lui doivent de l'argent en théorie, mais qu'il est prêt à trouver une solution à ce litige financier en passant par la justice. "On est dans un pays de droit, il y a des institutions qu'on doit respecter et je n'accepterai jamais qu'on me fasse du chantage", avertit-il. "Un des deux partenaires doit vendre ses parts à l'autre partie", dit-il, avant d'indiquer que s'étant rapproché de la représentation diplomatique de la République de Chine à Alger, on lui a signalé que "Qin Jianjun est inscrit sur une liste noire". Quant aux accusations de violence portées contre lui, il tient formellement à les démentir, laissant la police faire son travail. S. O.