Une année est passée depuis la réactivation de la Ligue nationale de football (LNF). Liberté s'est rapproché du président de cette instance, M. Mecherara, pour faire le point sur le travail réalisé durant cette période. Ce dernier est revenu sur toutes les questions brûlantes et lancinantes ayant marqué la première moitié du championnat. Liberté : M. Mecherara, le championnat national (DI et DII) reprendra ses droits ce week-end, après trois semaines de repos. Quel bilan faites-vous de la phase aller ? M. Mecherara : En fait, je ne puis qu'être satisfait du déroulement de la manche aller du championnat. Des points négatifs ont été relevés, mais nous avons enregistré beaucoup de satisfactions. Nous avons réalisé un grand pas vers l'avant en instaurant une nouvelle méthode de gestion de la compétition nationale, à savoir planifier le calendrier sur une longue durée. Bien que la saison passée, le championnat s'est achevé tardivement, le calendrier de la saison 2002-2003 a été élaboré, par contre, deux mois avant, soit au mois de mai. C'est une première dans l'histoire du football algérien. Quant à la première moitié du présent exercice, il me semble que le programme a été respecté dans l'ensemble, excepté quelques modifications, au regard de la qualification de la JSK et de l'USMA aux demi-finales des Coupes africaines des clubs. Cependant, notre football reste l'otage des actes d'indiscipline commis par les joueurs, entraîneurs ou dirigeants. Vous vous rendez compte, sur les 1 200 dossiers traités, la Ligue nationale a donné 1 100 avertissements. C'est un peu trop. Au lieu de s'occuper de la gestion et de la promotion de la balle ronde algérienne, on passe notre temps à étudier les affaires disciplinaires. Comme quoi, la ligue est une structure s'occupant uniquement de la discipline. Je ne suis pas venu pour m'intéresser uniquement à la gestion de la commission de discipline, mais plutôt pour créer une nouvelle culture managériale, et par la même, apporter ma petite contribution à la relance du football algérien. Certes, le calendrier a été globalement respecté, mais cela n'a pas empêché le soulèvement de certaines voix pour critiquer la gestion du championnat. Nous citerons à titre d'exemple les présidents du NAHD, M. Ighil, de la JSK, M. Hannachi, et des entraîneurs à l'image de Biskri et Cheradi… J'estime qu'il y a une part de subjectivité dans ces critiques. À ce que je sache, le programme n'a été fait qu'après consultation de tous les présidents qui ont donné leur accord. Excepté le boss du NAHD, M. Ighil, qui a effectivement critiqué la programmation. Quant aux autres, ils ne l'ont pas fait et ce, pour les mêmes raisons. Et encore, les critiques de M. Ighil sont intervenues à la suite du report des matches de son équipe face à la JSK et l'USMA, lesquelles étaient concernées par la compétition continentale, ce qui a forcé le NAHD à évoluer quatre ou cinq fois successives à l'extérieur. Par la suite, tout est rentré dans l'ordre. Je tiens à préciser dans ce registre que ce n'est pas à cause de la programmation que le NAHD a joué plusieurs rencontres hors de ses bases. C'est le concours des circonstances qui nous a amenés à cet état de fait. Mais, pour la saison prochaine, dont le programme sera établi avant la fin du mois de février, on va tenter de prendre toutes ces données en considération pour améliorer davantage la qualité du calendrier. Toutes les statistiques dont nous disposons seront exploitées par l'outil informatique pour dégager un programme plus cohérent. Il me paraissait, également, que certains dirigeants ne sont pas encore habitué à cette nouveauté dans la gestion du championnat. Pis, en dépit d'une programmation élaborée pour toute la saison, des dirigeants ne cessent de nous appeler à la ligue pour s'informer sur les dates du déroulement du championnat. Justement, vous avez dernièrement adressé des correspondances aux clubs pour connaître leurs avis et suggestions sur la programmation de cette saison et pour le prochain exercice. Peut-on avoir un aperçu de leurs principales observations ? Effectivement, durant la première quinzaine du mois de décembre, la LNF a saisi tous les présidents de clubs pour nous faire part de leurs observations et suggestions sur le présent exercice et, bien entendu, pour le suivant. Eh bien, figurez-vous, jusqu'à ce jour, je n'ai rien reçu. Certes, ils ont encore le temps, jusqu'au 15 du mois courant, mais pas à ce point-là : aucun président ne m'a adressé ses suggestions ou remarques. Toutefois, je suis persuadé qu'ils le feront dans les tout prochains jours. Il va de soi qu'avec un peu de temps, tout le monde s'habituera à ces nouvelles méthodes dans la gestion de la compétition. La phase retour subira quelques réaménagements. Peut-on avoir plus de détails sur ce point ? En réalité, ce changement nous a été imposé, car la confédération africaine de football (CAF) a apporté des changements dans les dates des coupes d'Afrique des clubs. Autant dire que nous étions dans l'obligation d'ajuster notre programme à cette nouvelle donne. Les changements toucheront les trois dernières journées du championnat, soit les 28e, 29e et 30e. Le championnat sera clôturé le 26 mai prochain (cette information a été rapportée par Liberté dans ses précédentes éditions). La 29e journée aura lieu le 22 du même mois. Voici grosso modo les changements de la manche retour. La coupe d'Algérie ne risque-t-elle pas de connaître des changements ? Non ! Les dates de la Coupe d'Algérie sont maintenues. La finale se jouera, comme prévu, le 8 mai 2003. Désormais, les matches de Dame coupe auront lieu sur des terrains neutres. La décision a été prise par le bureau fédéral de la FAF. Le même système sera reconduit la saison 2003-2004. Ne pensez-vous pas qu'il serait plus judicieux de revenir à la programmation des derbies algérois au stade du 5- Juillet la saison prochaine ? Je suis entièrement d'accord avec vous. Le stade olympique du 5-Juillet offre le cadre idoine pour abriter ce type d'empoignade tant sur le plan de la sécurité que du spectacle. Je compte entamer prochainement des discussions avec les présidents des clubs concernés pour revenir à l'ancienne formule : faire jouer les derbies du Centre au 5-Juillet. On verra surtout l'ouverture de l'enceinte olympique le mois d'août prochain, en perspective des Jeux panarabes. Je suis favorable à la domiciliation des derbies du Centre au stade du 5-Juillet à partir de la prochaine saison. Cette année, les prêts ont été supprimés par la FAF. La LNF a-t-elle pensé à les rouvrir la saison prochaine ? En tout cas, pour cette saison, les transferts d'hiver n'auront pas lieu. Pour la saison 2003-2004, les prêts pourraient enregistrer un retour. Dans les nouveaux règlements généraux de la FAF, dont des exemplaires ont été remis à tous les acteurs sportifs, les transferts d'hiver sont prévus. Comme vous le savez, dans tous les championnats du monde, le Mercato est régi par les lois de la FIFA. C'est selon les règlements de cette dernière que la fédération algérienne compte gérer ce marché spécial des transferts et ce, dans le grand intérêt des joueurs. Mais seule l'AG est souveraine pour se prononcer sur les nouveaux règlements généraux de la FAF, lors de sa prochaine session. Des clubs n'ont pas payé les droits d'engagement. Ils risquent de ne pas être programmés en championnat. Qu'en est-il au juste ? La ligue a mis en demeure ces clubs. Néanmoins, ils ont fini par s'acquitter de leurs droits d'engagement. Il reste deux clubs de la première division, dont les présidents se sont engagés à régler leur situation vis-à-vis de la ligue, avant la date-butoir (NDLR, hier). Cependant, il y en a deux autres de la DII, en l'occurrence le CRB Mecheria et le WA Mostaganem, lesquels ne sont pas en mesure de payer les frais d'engagement. Ils ne seront pas alors programmés. Ils perdront leur match sur tapis vert… Ecoutez, je ne suis pas tout à fait d'accord pour prendre une telle décision hâtivement. À mon sens, il serait plus judicieux de leur accorder un deuxième ultimatum. Ce sera, en effet, une véritable catastrophe pour la jeunesse de ces deux régions. Elle sera, en effet, privée de ses clubs favoris. Mon rôle est de créer un climat favorable à la propagation de la pratique footballistique dans les quatre coins de l'Algérie. La LNF a été réactivée pour un objectif unique, à savoir servir tous les clubs sans exception. Toujours est-il, cette problématique se posera à chaque saison. Avez-vous pensé à un moyen pour résoudre définitivement cette question ? J'ai une bonne nouvelle pour nos clubs. À partir de la saison prochaine, les droits d'engagement seront tout simplement supprimés. Habituellement, les frais d'engagement nous servent à payer les indemnités des arbitres. Cependant, lors de la dernière réunion interministérielle consacrée au football, la tutelle s'est engagée à prendre en charge les frais de fonctionnement de l'ensemble des structures de la FAF, y compris l'arbitrage. Et par voie de conséquence, la ligue n'aura plus besoin de cette manne financière. On dit que le football algérien est miné par les tractations de coulisses au niveau de la programmation et de l'arbitrage… Pour ce qui est de la programmation, c'est archi-faux. On ne peut en aucun cas changer le calendrier établi avant plusieurs mois. Nous avons opté pour ce nouveau mode de gestion de la compétition pour éviter toute manœuvre de coulisses. Quant à l'arbitrage, ce ne sont que des accusations dénuées de tout fondement. Lors de la dernière rencontre avec les présidents des clubs de la DII, je leur ai demandé de me fournir, à titre confidentiel, des explications sur ces affaires de corruption. Ils nous ont laissé sur notre faim. S'il y a arbitre corrompu, cela veut dire qu'il y a président corrupteur… M. Mecherara, la violence dans nos stades a pris des dimensions alarmantes. La LNF a alors agi durement contre les fauteurs de troubles. Est-ce vraiment la solution ? Il est bien clair que ce n'est pas une solution. Je suis écœuré par les images de violence choquantes enregistrées dans nos stades. Sincèrement, j'ai honte de tout ce qui ce passe. Tout le monde est concerné par cette situation, les responsables, la presse, le service d'ordre, les comités de supporters… De notre côté, nous avons installé une commission de réflexion de lutte contre la violence. Elle aura à mettre en place une stratégie de sensibilisation homogène pour atténuer l'ampleur de ce phénomène. On a désigné le commissaire de police en retraite, âami Ahmed, connu par le public sportif, à la tête de cette commission. Grâce à son expérience dans l'organisation des matches, il nous sera d'un grand apport. Cependant, prendre des sanctions sévères et punitives à l'encontre des clubs n'est pas une solution. Vous êtes-vous senti gêné le jour où le BF vous a devancé pour la suspension des stades de Biskra et de Hadjout ? Ne pensez-vous pas qu'il appartient à la ligue, en tant que structure de gestion de la compétition, de prendre cette décision, la FAF étant censée s'occuper du développement du football et de l'EN ? Je ne me suis pas senti gêné, du moment que je suis membre du bureau fédéral. Ce jour-là, c'était sur décision du président de la FAF qui a tenu une réunion extraordinaire du BF. La sanction a été prononcée avec le consentement de tout le monde, y compris moi. Mais je tiens à le répéter : ce n'est pas de telles sanctions qui vont résoudre le problème. Donc, vous êtes favorable à l'allégement des sanctions contre la JSK, le MCO, l'USB et l'IRBH. Et si la FAF venait à prendre cette décision, quelle serait la réaction de la LNF ? J'étais très peiné, en sanctionnant les clubs en question. Ils sont pénalisés à tout point de vue. Mais on devait agir de la sorte pour absorber un tant soit peu ce fléau qui prenait des proportions alarmantes. Je ne suis pas contre la révision des suspensions infligées à ces clubs, mais il va falloir me donner des garanties tangibles pour que de tels incidents ne se reproduisent plus. Rien ne pourra se décider sans l'aval préalable de la LNF. K. Y.
