"Incivique", "illégal", "illégitime", voire "voyou", ou encore "baltaguia" sont autant de qualificatifs utilisés par les responsables des partis de l'opposition pour désigner l'empêchement du président de l'APN d'accéder à son bureau. Contactés par téléphone, le président du Rassemble-ment pour la culture et la démocratie (RCD) et les chefs des groupes parlementaires du Mouvement de la société pour la paix (MSP), du Front des forces socialistes (FFS) et d'Al-Adala sont, en effet, unanimes à décrier un "dérapage grave" qui risque, appréhendent-ils, de déteindre dorénavant sur l'ensemble des assemblées élues et des institutions de la République. "Cadenasser le portail de l'APN, c'est lancer le message que dans ce pays, c'est le règne de l'anarchie. Autrement dit, n'importe qui peut désormais aller cadenasser le siège d'une wilaya, d'une daïra ou d'une APC, voire même le siège de la Présidence, puisque des députés ont montré la voie", a regretté M. Belabbas, qui fait porter l'entière responsabilité d'un tel dérapage au tandem FLN-RND. "Le FLN et le RND sont les responsables de ces actes en tant que partis. L'action d'aujourd'hui (hier, ndlr) a été décidée loin du Parlement, par la direction du FLN et soutenue par son homologue du RND", a-t-il rappelé, allusion faite à la réunion tenue, avant-hier, par le parti de Djamel Ould Abbes. Le président du RCD dénonce ainsi "un dérapage grave". Un acte qu'il n'hésite pas à qualifier de "voyou", non sans assimiler le comportement des députés qui ont cadenassé l'APN, hier, à celui de dignes "baltaguia". M. Belabbas se dit davantage outré que les mêmes députés aient procédé à "l'évacuation manu militari" des employés de l'APN, au vu et au su des forces de sécurité censées intervenir pour protéger l'APN en tant qu'institution de la République. Pour le chef du MSP, le président contesté de l'APN, Saïd Bouhadja, est dans son droit de demander l'intervention des services de sécurité pour protéger l'institution, et ces députés réfractaires à la Constitution et au règlement de l'Assemblée doivent, estime-t-il, répondre de leurs actes. Même son de cloche chez Lakhdar Benkhellaf, chef du groupe parlementaire de l'alliance Al Adla-El Bina-Ennahda, qui dénonce, à ce titre, une "entrave inacceptable à la liberté de travail". Jugeant, également, leur action "anticonstitutionnelle, illégitime et illégale", M. Benkhellaf accuse les anti-Bouhadja de favoriser la "loi de la jungle" en transposant, dit-il, des problèmes internes à leurs partis à l'Assemblée. Ce précédent, prévient-il, risque de provoquer une désobéissance civile dans les jours à venir. "Il sera dorénavant difficile de demander aux citoyens de respecter les lois tant que ceux-là mêmes qui légifèrent et votent ces lois les ont piétinées", a-t-il commenté. À son tour, Sadek Slimani, chef du groupe parlementaire du FFS, dénonce "un manque de civisme" chez les meneurs de la fronde contre le président de l'APN, et "une situation dramatique" qui rend, dit-il, difficile toute analyse politique. Abondant dans le même sens, le chef du groupe parlementaire du MSP, Ahmed Sadok, dénonce, également, "un acte incivique" et "une mascarade" qui, dit-il, nécessite l'intervention de qui de droit pour sauver l'image du pays. Une image déjà peu reluisante. Farid Abdeladim