Les étudiants étrangers hors Union européenne, présents en France, viennent d'obtenir un soutien de taille dans leur lutte pour l'annulation du projet d'augmentation des frais de scolarité. La Conférence des présidents d'université (CPU) a publié, lundi en fin de journée, un communiqué demandant au gouvernement de suspendre son projet. "La France a besoin des étudiants internationaux qui contribuent à son développement et à son rayonnement dans le monde", explique la CPU, déplorant une décision unilatérale qui a été prise sans la moindre concertation. Analysant le plan du gouvernement pour l'augmentation de l'attractivité de la France sur le plan de la recherche et de l'enseignement universitaires, la CPU estime que des "mesures positives et attendues" ont été prises comme l'allègement des procédures de visa et l'accroissement du volume des bourses. Elle considère, néanmoins, que "l'augmentation générale des droits d'inscription annoncée ne constitue pas une réponse adaptée, car elle porte en elle le risque important d'exclure des étudiants et des doctorants", que la France accueille aujourd'hui. Réagissant au communiqué de la CPU, la ministre de l'Enseignement supérieur, Dominique Vidal, a envoyé un courrier à tous les présidents d'université et aux directeurs des Ecoles supérieures, les assurant que le plan pour l'augmentation des frais de scolarité ne concernera pas les étudiants déjà établis dans l'Hexagone. "Les étudiants internationaux qui résident depuis plusieurs années en France acquitteront les mêmes frais d'inscription que les étudiants européens", a-t-elle fait savoir. Elle a, en outre, rappelé qu'elle a donné carte blanche aux universités pour délivrer librement des bourses et des exonérations. Le projet du gouvernement ne comporte, néanmoins, aucune précision sur les critères d'éligibilité et sur le nombre des étudiants étrangers qui peuvent bénéficier du programme. En revanche, les nouveaux montants des frais d'inscription ont bien été précisés. Ils passent de 170 euros à 2 770 euros pour les étudiants en licence et de 243 euros à 3 770 euros pour les inscrits en master et en doctorat. À la suite de la mobilisation de ses étudiants étrangers, dont de nombreux nationaux, sous l'égide de l'Union des étudiants algériens de France (UEAF), l'université Paris 13 (Bobigny, Villetaneuse, Saint-Denis) a publié, lundi aussi, une motion de soutien. "La mission de l'université est d'accueillir les étudiants d'origines diverses, afin de les accompagner vers la réussite et l'insertion professionnelle, en les traitant tous sur un pied d'égalité", souligne le conseil d'administration, précisant qu'il "redoute les conséquences de la hausse des tarifs sur les étudiants les plus modestes et sur les échanges internationaux, notamment au niveau de la francophonie". Le conseil d'administration de l'université Paris 13 demande en conséquence au gouvernement de renoncer à son projet, considérant que la hausse des tarifs "est inacceptable, car elle institue une sélection par l'argent et par l'origine, éliminant les étudiants les plus fragiles et qui sont déjà confrontés à nombre de difficultés administratives et financières". La direction estime, par ailleurs, que la nouvelle mesure "entraînera inévitablement une désaffection et une baisse des inscriptions des étudiants étrangers dans les universités". À la suite de l'annonce en novembre dernier, par le Premier ministre, Edouard Philippe, de l'augmentation pour 2019 des frais de scolarité, un collectif rassemblant plusieurs associations d'étudiants étrangers a vu le jour. Des mouvements de contestation sont toujours en cours dans certaines universités comme Tolbiac et Nanterre, dans la région parisienne, et ailleurs en France. S. L.-K.