Si les syndicats protestataires avancent un chiffre oscillant entre 30 et 80% de suivi du débrayage, l'administration assure, elle, que le taux en question n'a pas dépassé les 8% à l'échelle nationale. La grève nationale de protestation dans le secteur de l'éducation a été diversement suivie au niveau des trois paliers (primaire, moyen et secondaire), ont indiqué, hier, les cinq syndicats autonomes de ce secteur, à savoir l'Unpef, le Snapest, le SNTE, le CLA et le Satef, qui ont fait état d'un taux de suivi national oscillant entre 35% (Boumerdès et Tissemsilt) et 80% (Khenchela), mais avec des "différences d'une wilaya à une autre et d'un établissement à un autre". Ainsi, pour l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), le taux de suivi du mot d'ordre de grève est estimé à 57,56%, dont le plus élevé a été enregistré dans la wilaya de Khenchela (80%), suivi d'Alger-Ouest (78%), de Biskra (77%) et d'Adrar (70%). Le taux le plus bas a été enregistré dans la wilaya de Tamanrasset (30%), comme l'a précisé, dans une déclaration à Liberté, Abdelouhab Zougar, le porte-parole du syndicat. Ce dernier, tout en qualifiant le taux de réponse à la grève de "respectable", a souligné que le pourcentage aurait été plus élevé si le Conseil national des enseignants de l'enseignement secondaire et technique (Cnapeste) y avait pris part. Dans un communiqué, le même syndicat s'est même félicité de ce taux, en raison de "la campagne acharnée qui a précédé ce mouvement de protestation et où l'administration et le ministère de l'Education ont tenté de briser la grève par tous les moyens en recourant parfois à l'intimidation des employés et en diffusant de fausses informations". "Il y a eu du répondant, et c'est satisfaisant", a, pour sa part, affirmé le coordinateur national du Syndicat national des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, qui a précisé que "cela diffère d'une wilaya à une autre et d'un établissement à un autre. Il y a des établissements paralysés à 100% dans la wilaya d'Oran et d'El-Bayadh et d'autres à 20%". Il est rejoint par le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'enseignement et de la formation (Satef), Boualem Amoura, qui a fait état de "nouvelles satisfaisantes" en provenance des wilayas. "Vu les menaces de la ministre de procéder à des ponctions sur les salaires et les entraves de certains directeurs d'établissement et de certains inspecteurs, ainsi que le travail de sape de certains syndicats proches de la ministre, je dis que les travailleurs ont répondu favorablement à l'appel de l'intersyndicale", a-t-il affirmé. Selon l'estimation qu'il en a faite, les taux variaient entre 59 et 73% dans certaines wilayas, hier à midi, en précisant que cela était valable surtout pour les deux paliers, primaire et moyen. Mais "pour les lycées, c'était faible", a-t-il reconnu, en précisant que "là où certains syndicats, à l'instar du Snapest à l'Ouest et du CLA à Alger, sont bien implantés, vous allez trouver des lycées fermés, mais cela ne reflète pas les 48 wilayas". C'est ce qu'a soutenu aussi le SG du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), Idir Achour, en jugeant que la grève a connu "un large suivi au niveau de tous les paliers et de tous les corps". Il avance un pourcentage de 56,67% de suivi à l'échelle nationale. Côté officiel, les rapports en provenance de diverses wilayas ont minimisé de la portée de la grève des syndicats indépendants, soulignant que la réponse était limitée à 8%, voire à un taux nul dans certaines wilayas. Mais c'est compter sans la détermination des dirigeants syndicaux de la coordination autonome à aller au bout de leur mouvement de protestation, puisqu'hier encore, ils se préparaient à la tenue de sit-in de protestation devant les académies, aujourd'hui à 14h. Ces sit-in verront l'entrée en jeu du puissant syndicat du Cnapeste. Ces deux actions de protestation seront au menu d'une réunion, prévue jeudi, qui aura essentiellement à évaluer le suivi et à décider des suites à donner au mouvement, dont une éventuelle escalade au cas où les autorités ne répondraient pas positivement aux doléances des syndicats. AMAR R.