L'annonce d'Abdelaziz Bouteflika de prolonger son 4e mandat, en renonçant à un 5e, essayant ainsi de "dribbler" le verdict populaire qui réclame le départ de tout le système, n'a fait que renforcer la détermination et la conviction citoyenne. La première réaction est venue des commerçants qui, et pour la troisième journée consécutive, ont maintenu leur mouvement de grève générale, alors que les manifestants ont investi la rue au chef-lieu de wilaya et dans de nombreuses localités, notamment à Azazga, à Fréha, à Larbaâ Nath Irathène. Dans cette dernière localité, même des élus du RND et du FLN ont, comme dernier sursaut de dignité, pris part à la manifestation des citoyens. Les magistrats de Tizi Ouzou ont, de leur côté, emboîté le pas à leurs collègues de Béjaïa en organisant un rassemblement pour marquer leur solidarité avec le mouvement populaire contre le système. Ils étaient près d'une vingtaine de magistrats à prendre part à ce rassemblement qui a eu lieu dans l'enceinte de la cour de justice de Tizi Ouzou. "Les magistrats font en ce moment l'objet de pressions terribles", nous annonce une avocate. Comme cette dernière, ils étaient plusieurs centaines d'avocats, dont maître Mustapha Bouchachi, à venir soutenir les magistrats dans leur action. De nombreux huissiers de justice et de greffiers se sont joints à cette action historique. Les magistrats venaient à peine de se joindre à leurs partenaires lorsque l'un d'entre eux a pris la parole et s'est adressé à la presse : "Les magistrats ont milité et continuent de militer pour l'indépendance de la justice et le respect du principe de la séparation des pouvoirs conformément aux dispositions de la constitution." "Nous sommes fiers de nos magistrats et nous leurs disons : main dans la main, pour une Algérie libre et indépendante", a déclaré, pour sa part, le bâtonnier, maître Salah Brahimi. Tout en qualifiant l'action des juges d'"historique", Me Mustapha Bouchachi a rendu un vibrant hommage à ces magistrats "courageux". Samir L./K. Tighilt