Vendredi dernier, la rue oranaise a envoyé une réponse cinglante à la volte-face de certaines personnalités politiques qui ont décidé de soutenir le mouvement populaire après l'avoir condamné, et à la tournée de Ramtane Lamamra en quête de soutien auprès de pays étrangers. "Il n'y a pas de place dans le mouvement populaire pour le FLN, le RND, TAJ et l'opposition contrefaite (…)", "La quête d'un soutien étranger est une indignité", tels ont été quelques-uns des slogans écrits sur des pancartes que les Oranais et les Oranaises ont brandies durant la manifestation. "Nous en sommes maintenant à voir des responsables courant l'étranger à la recherche d'une aide contre leur peuple. C'est une honte !", s'est indignée une jeune manifestante en scandant des slogans anti-pouvoir. Parmi les contestataires, deux femmes ont déposé sur un bac à ordures une pancarte représentant un sac poubelle portant les sigles FLN et RND, et cette mention : "À la poubelle de l'Histoire." Sur le mur de la mouhafadha d'Oran, désertée par les militants du vieux parti, de jeunes manifestants ont accroché une banderole soutenant que "le système ne changera pas tant que le FLN n'est pas tombé". Et pour ces manifestants, le système n'est pas seulement représenté par le FLN. "Le système = FLN+RND+TAJ+MPA", ont-ils expliqué sur la banderole. C'est ainsi qu'ils ont réitéré ce que les Algériens ne cessent de crier depuis le 22 février. "Ils doivent tous dégager. Il ne s'agit pas uniquement de Bouteflika et du FLN, mais de tous leurs collaborateurs, leurs lieutenants et leurs soutiens", a assuré un jeune manifestant. Sans doute plus que les précédentes marches, le FLN a cristallisé la colère des contestataires en raison des tentatives de ses responsables de se ranger aux côtés du peuple. "Il y a un mois à peine, ils nous avertissaient du pire si on sortait dans la rue, aujourd'hui, acculés, ils font mine de soutenir le mouvement populaire. Mais ils se trompent, ils n'ont pas de place parmi nous, ils doivent dégager", ont déclaré des manifestants plus que jamais déterminés à poursuivre la contestation jusqu'au bout. "Nous continuerons de marcher et de manifester jusqu'à ce que vous partiez tous", pouvait-on encore lire sur quelques pancartes. D'autres messages, décidément plus mordants, témoignaient des sentiments qui agitent désormais les Algériens. "Partez, qu'on puisse passer la serpillière", "Non au système des harkis", "Dégagez, go, uscire, idhhabou, zou (en chinois)", "Enfants de la France, partez", "Flibustiers, rats, nabots, larbins…", ont été portés très haut, aussi rageusement que joyeusement, par des manifestants de tous âges et de toutes conditions sociales. "Ils doivent comprendre qu'ils n'ont pas le choix, le peuple a décidé de les faire partir, ils partiront", a lancé un manifestant à l'adresse de Bouteflika, d'Ouyahia, de Sidi-Saïd, d'Ali Haddad, de Noureddine Bedoui et consorts. Pour lui, comme pour tous ceux qui ont battu le pavé, il ne subsiste aucun doute sur l'issue… S. Ould Ali