L'agence de notation financière Moody's anticipe une aggravation des difficultés budgétaires et économiques dans le sillage de la crise politique que connaît le pays. "Nous prévoyons qu'une période d'incertitude prolongée pèsera sur les perspectives économiques du pays, qui se sont nettement dégradées depuis le choc pétrolier de 2014", a déclaré Moody's dans un rapport publié mercredi dernier. Après un état des lieux inquiétant sur la détérioration des positions financières, aggravé par l'inaction du gouvernement et la remise à plus tard des réformes économiques et budgétaires, Moody's estime que des tensions politiques prolongées risquent d'exacerber le ralentissement économique observé ces dernières années, voire complexifier davantage l'équation budgétaire. "La crise politique algérienne approfondira ses problèmes économiques et budgétaires sous-jacents et mettra en péril son profil de crédit", a indiqué l'agence de notation Moody. "La baisse de la production liée au report des projets d'investissement commence à peser sur la croissance ; des tensions politiques prolongées risquent d'exacerber ce ralentissement", lit-on dans la note de Moody's, répercutée par Reuters. Il faut dire que le constat sur l'état des positions financières internes et externes n'est guère encourageant. Le déficit de la balance des paiements s'est situé à 10,42 milliards de dollars à l'issue des neuf premiers mois de 2018. Le déficit a repris ses tendances haussières dès octobre 2018 sous l'effet d'une forte dégringolade des cours du brut, lequel déclin a entraîné de facto une baisse des exportations du pays. Le déficit commercial qui était reparti à la hausse a pesé sur l'état de la balance des paiements, laquelle a, à son tour, accéléré la fonte des réserves de change, dont le solde se situe désormais à moins de 80 milliards de dollars. Le déficit budgétaire évolue quant à lui autour de 7% du Produit intérieur brut en 2018 malgré la reprise des cours du brent. Ces deux dernières années, la détérioration des positions financières du pays s'est accentuée, tant en interne, où la planche à billets s'est imposée comme unique source de financement, qu'en externe, où la fonte accélérée des réserves de change affecte directement la solvabilité du pays. Habituellement très discrète sur le cas Algérie, Moody's s'inquiète désormais sur une situation économique qui pourrait s'aggraver davantage si l'impasse politique venait à se prolonger. D'où les appels des experts et économistes à hâter le départ des têtes d'affiche du régime pour pouvoir entamer la transition tant espérée. Pour le moment, le mouvement de protestation contre le régime politique actuel ne montre aucun signe d'essoufflement. Les tenants du pouvoir tentent désormais de s'agripper à l'appel de l'armée en faveur de l'application de l'article 102 de la Constitution, même si l'offre de l'armée a été rejetée massivement, hier, par une rue qui ne décolère pas. C'est dire que l'impasse politique est profonde. Elle pourrait entraîner une impasse économique toute aussi insurmontable, avertit Moody's.