La marche populaire organisée hier à Chlef, la sixième du genre, restera pour l'éternité gravée dans les mémoires compte tenu du nombre des manifestants qui y ont pris part puisqu'il a dépassé, cette fois-ci, selon les estimations, les 200 000 participants. Le centre de la ville était à partir de 15h noir de monde. Une véritable marée humaine. La foule qui a marché à partir de la place de la Solidarité, en passant, comme d'habitude, par les boulevards des Martyrs et Ben-Badis, était compacte du début jusqu'à la fin. Il nous a même été difficile de couvrir l'événement car même les trottoirs des boulevards sillonnés étaient utilisés par les manifestants. Non seulement le cortège était composé de manifestants à pied, mais également de véhicules et de motos. Des familles entières, des femmes et des hommes de touts âges ont crié, haut fort, leur ras-le-bol à l'égard du système qu'ils ont qualifié de corrompu, de "haggar", d'assassin, de voleur et même de budgétivore. "Nous ne voulons en aucun cas de cet article 102 de la Constitution", "Vous deviez appliquer cet article en 2013 ou à défaut en 2014", "Bouteflika, vous êtes fini, prenez donc avec vous Bensalah et Belaïz", "Tous vos ministres doivent obligatoirement être traduits devant la justice", "Vous voulez appliquer le fameux article 102 pour uniquement favoriser le pouvoir", "Non, non et non à cet article 102", "Bensalah dégage, fous le camp vieille carcasse", "Vous êtes tous des voleurs", étaient, entre autres, les nombreux slogans écrits sur des pancartes et des banderoles portées par les marcheurs le long du circuit fermé qu'ils ont emprunté. Dans la foule, il y avait même des enfants qui avaient, eux aussi, leur mot à dire durant cette marche historique. Accompagnée de ses parents, une fillette que nous avons suivie et dont l'âge ne dépassait pas les 5 ans, avait les larmes aux yeux durant toute la marche et criait "One two tree, viva l'Algérie". Et sur sa pancarte, elle avait écrit ce qui a suscité l'attention et la curiosité des autres marcheurs dans la foule : "Je t'aime mon pays. Je te sauverai lorsque je serai grande." Au milieu de la marée humaine, nous avons appris, selon nombre d'indiscrétions, que des représentants de certains partis politiques au pouvoir, des élus à l'Assemblée nationale au niveau local précisément, auraient fait appel, ces derniers jours, à des personnes du mouvement de protestation pour les récupérer dans leurs rangs.