Dans une rencontre-débat organisée hier après-midi à Oran, l'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, a affirmé que les Algériens, qui ont fait leur transition démocratique, ne peuvent, cependant, continuer indéfiniment à battre le pavé et doivent impérativement s'organiser afin de proposer une alternative. Les jeunes, a-t-il soutenu en substance, doivent aujourd'hui "entrer dans le fait politique" pour que la transition puisse s'opérer et que l'Algérie construise sa 2e République, l'urne étant la seule voie possible pour l'exercice démocratique. "Tout le processus de transition démocratique repose sur la crédibilité des élections", a-t-il ajouté pour souligner la nécessité qui est désormais faite aux Algériens de s'organiser, afin de se faire représenter. Devant une assistance composée de médecins, d'avocats mais aussi d'universitaires, de jeunes étudiants partageant tous la même aversion pour le système en place et militant pour son départ, Abdelaziz Rahabi a constaté l'absence de mécanismes de règlement des problèmes dans la Constitution. "C'est une Constitution présidentielle qui détaille tous les pouvoirs du Président, mais pas les contre-pouvoirs. Alors, nous sommes bloqués", a-t-il dit en reconnaissant que "nous n'avons aucune idée de la façon de sortir de la crise". Une situation d'autant plus inquiétante, a-t-il insisté, qu'il n'existe "aucun pacte de gouvernabilité pendant les crises", outil indispensable dans les transitions démocratiques, et aucun mécanisme pour mettre tous les acteurs en contact. Abdelaziz Rahabi n'a pas caché son inquiétude pour l'avenir immédiat du pays. "Nous sommes dans une impasse politico-institutionnelle. Si des solutions ne sont pas trouvées dans des délais raisonnables, cette impasse risque de nous conduire vers la plus importante crise depuis l'indépendance", a-t-il averti. L'ex-diplomate a, par ailleurs, exposé sa défiance pour l'organisation de l'élection présidentielle dans un délai de 45 jours ou 3 mois : "Techniquement impossible et politiquement porteur de périls en raison du risque d'un vote sanction qui conduirait à l'élection d'un président très faible." Rahabi s'est également inquiété de l'absence de réaction du pouvoir. "L'absence de réponse politique radicalise et le peuple écoutera les voix les plus radicales (….)", dira-t-il. S. Ould Ali