La communauté estudiantine de Béjaïa rejette en bloc le discours du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, prononcé à l'occasion du mois de Ramadhan. C'est ce qui ressort, en tout cas, des réactions de certains étudiants que nous avons interrogés, hier, au campus de Targa Ouzemour. Ils sont unanimes à qualifier la sortie du locataire du palais d'El-Mouradia de "non-événement", estimant que "le peuple algérien n'attend rien de nouveau de ce dignitaire du régime, un habitué des hautes sphères du pouvoir depuis plus de vingt ans". Pour Massinissa Mouri, membre actif de la Coordination locale des étudiants (CLE), le discours de Bensalah reste comme "le plus anachronique" dans les annales politiques du pays. "En somme, un discours en total déphasage avec les attentes des Algériens", a-t-il estimé, soutenant que "l'écrasante majorité du peuple ne croit plus aux déclarations des officiels. C'est pour cela, d'ailleurs, que la rue réclame le départ définitif du système et l'instauration d'une nouvelle République". S'agissant de l'élection présidentielle du 4 juillet, à laquelle tient toujours le successeur de Bouteflika, notre interlocuteur dira sans ambages que "ce rendez-vous électoral n'aura pas lieu", dès lors que le peuple a déjà tranché en faveur du rejet catégorique de cette élection, perçue comme une "énième manœuvre" d'un pouvoir aux abois. "La présidentielle que veut imposer Bensalah aux Algériens, le 4 juillet prochain, à l'instar de toutes les précédentes élections organisées par le même régime depuis l'indépendance, ne pourra, en aucun cas, échapper à la fraude et au bourrage des urnes", a-t-il mis en garde. Pour sa part, la jeune Sabrina B., étudiante en master 2 économie, considère que "les déclarations du chef de l'Etat par intérim ne font qu'attiser le feu de la révolte populaire. L'entêtement de celui-ci à maintenir ‘sa' présidentielle contre la volonté des Algériens illustre à plus d'un titre la nature du régime en place qui cherche à se pérenniser quitte à embraser le pays". Néanmoins, ajoute-t-elle, "M. Bensalah doit savoir que son projet visant à nous imposer une mascarade électorale est voué à l'échec !". "Toutes ses initiatives connaîtront le même sort que les consultations qu'il voulait tenir le 22 avril dernier", a-t-elle indiqué. Sur sa lancée, elle dit ne pas comprendre, d'ailleurs, pourquoi cet ancien président du Sénat, âgé de 78 ans, "revient, encore une fois, à la charge, en invitant la classe politique et la société civile à un dialogue qui n'aura jamais lieu". "Je me demande pourquoi il appelle de nouveau au dialogue sachant à l'avance que son initiative va faire un autre flop !? Il compte dialoguer avec qui ?", s'est-elle interrogée, avant d'ironiser en ces termes : "À moins qu'il n'envisage de faire un monologue." Enfin, notre interlocutrice affirmera que la véritable solution à la crise que traverse le pays réside dans "le départ de tous les symboles du système", ce qui permettra l'avènement de la nouvelle République. Voilà la principale revendication du peuple qui investit la rue, tous les vendredis, depuis le déclenchement de la révolution pacifique du 22 février.