Pour le troisième vendredi de colère depuis le début du mois sacré de Ramadhan et le 14e depuis le 22 février, la ferveur populaire et sa détermination à éradiquer le système et ses symboles n'ont pas fléchi. Ainsi, et tout comme la marche du 17 mai, c'est vers13h30 que des milliers de jeunes venus des quatre coins de la wilaya se sont donné rendez-vous à leurs points de ralliement au niveau du quartier de l'Ecotec et de la place des Martyrs. En effet, et en dépit d'un thermomètre qui dépassait les trente degrés à Bouira et un climat relativement lourd et sec, des milliers de citoyens sont sortis dans la rue pour exprimer leur refus de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, exiger le départ du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, de Bedoui et de son gouvernement et demander au général de corps d'armée, chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, de "rester dans la caserne". Ce dernier, à travers ses discours hebdomadaires, ne cesse d'exaspérer et d'exacerber la rue, laquelle n'a pas hésité à lui appliquer la même sentence que celle réservée à Bouteflika. "Le dernier message du chef d'état-major nous a confortés dans notre position et dans nos convictions à voir que Gaïd Salah n'est pas avec le peuple", a tranché Houria, une étudiante et membre actif de la section du Collectif des étudiantes libres et progressistes de Bouira. Selon Meziane Chaâbane, élu RCD à l'APW de Bouira, les élections que compte organiser le pouvoir n'a aucun sens. "Des élections qui n'ont aucun but, des procès aux allures de comédie burlesque et surtout la farouche volonté de réprimer les manifestants, comme c'est le cas aujourd'hui (hier, ndlr) à Alger", a-t-il dénoncé. 14h30, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira était pleine comme un œuf. Tout ce beau monde s'est ensuite regroupé devant le siège de la wilaya de Bouira, d'où une marche grandiose a été entamée. Des dizaines de milliers de citoyens étaient dans la rue, dans une ambiance certes moins festive que les premiers temps de la révolution du sourire, mais avec une détermination tout aussi intacte. RAMDANE BOURAHLA