La chaleur, les multiples entraves : barrages filtrants, les mouches électroniques, les menaces sur la Toile et même la venue de certains individus pour orienter le hirak vers une seule direction, les Bordjiens étaient tout de même présents au rendez-vous de ce vendredi de mobilisation, jour anniversaire du "Printemps noir". Ce 17e vendredi survient au moment où des figures du pouvoir, à savoir deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, sont placés en détention provisoire ; un ministre et un autre général sont, eux aussi, mis sous mandat de dépôt ; un autre ministre sous contrôle judiciaire ; et d'autres symboles du régime contesté risqueraient de subir le même sort durant la semaine. Ce 14 juin 2019 n'est pas loin de celui de 2001. Ils portent les mêmes revendications. Pour rappel, la marche du 14 juin 2001 avait pour ordre du jour de remettre à l'ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un texte de 15 revendications, intitulé "la Plateforme d'El-Kseur", et dont la principale est la liberté. Aujourd'hui aussi, les manifestants ont scandé des slogans rejetant la feuille de route du pouvoir politique, qui a réitéré, à travers le chef de l'Etat par intérim, son appel au dialogue tout en maintenant son agenda qui prévoit une élection présidentielle dans des "délais raisonnables". "Makanech intikhabat maâ el-îssabate'' (pas d'élections avec la bande) ; "Makanech hiwar maâ el-îssaba'' (pas de dialogue avec la bande'' ; "Vive l'Algérie !''. Deux tifos conçus pour cette marche ; montrent que le hirak à Bordj Bou-Arréridj est divisé en deux : ceux qui sont pour la méthode Gaïd Salah et ceux qui la rejettent complètement, en ce sens qu'ils veulent un Etat conçu par le peuple. À M'sila, la canicule n'a pas empêché les milliers de M'silis de marcher et de s'exprimer. Ils sont sortis à Boussaâda et dans plusieurs villes de la région.
