Au lendemain d'une conférence nationale qui a réuni pour la première fois des centaines de représentants de syndicats, d'associations nationales et d'organisations professionnelles de diverses tendances, les acteurs de la société civile, qui en dressent un bilan positif, s'attellent à mettre en place les mécanismes de mise en œuvre de la feuille de route consensuelle établie par les participants. C'est ce qu'ont annoncé hier deux des animateurs, en l'occurrence Meziane Meriane, le coordinateur du Snapest, et Abderrahmane Arâar, président du réseau Nada et porte-parole du Forum de la société civile, invités par le Forum d'El Moudjahid. Pour M. Meriane, la conférence nationale était une réussite rien que par le fait qu'"elle a réussi à démontrer que les Algériens de différents horizons politiques et idéologiques peuvent se rencontrer et se mettre d'accord sur l'essentiel". Aussi, dans la feuille de route, "on a essayé de synthétiser les slogans de la rue, ou comment faire aboutir les revendications de la rue, à l'instar du slogan ‘Yetnahaw gaâ', qu'on peut schématiser par la rupture radicale avec l'ancien système", a-t-il ajouté. Et ce, avant de préciser que "pour arriver à cette rupture, il doit y avoir des mécanismes à mettre en place. Il s'agit même d'un algorithme sur lequel il faut réfléchir pour aboutir à ce changement radical revendiqué par la rue". Aussi, "l'autre slogan ‘Klitou lebled ya serrakine' (vous avez pillé le pays, voleurs) s'est avéré plus qu'exact avec tous les dossiers qui défilent devant la justice. Donc le peuple a raison, et il faut l'écouter quand il parle", a-t-il, en outre, indiqué. Et d'estimer qu'"à travers la planète ce qu'on vit ici en Algérie est unique. Ailleurs, les gens décident d'appliquer la Constitution et les militaires refusent. Mais en Algérie, ils demandent l'application de la Constitution et le peuple refuse, et il a raison de refuser". "Car, a-t-il argué, de cette Constitution a émané un régime politique qui a donné naissance à Ouyahia, à Sellal et à Kouninef, qui se retrouvent devant les tribunaux." Arâar Abderrahmane a, quant à lui, estimé que la réussite de la conférence de la société civile réside dans le fait qu'elle est sortie avec une feuille de route unifiée à 80 ou 90%, même s'il reste la question de la légitimité qui sera discutée dans le cadre du dialogue national global. Un dialogue qui sera élargi à d'autres catégories de la société civile pour la sensibilisation de cette dernière, puis de la classe politique. "Si on arrive à fédérer ces forces, nous irons vers un plaidoyer des décideurs, qui sera suivi de l'installation d'une personnalité ou d'une instance présidentielle pour diriger le dialogue national global, parce que ce n'est pas uniquement l'institution militaire qui accompagnera ce dialogue", a indiqué Abderrahmane Arâar. Le deuxième outil à installer est le gouvernement, a-t-il ajouté. Quant aux mécanismes d'application sur le terrain de la feuille de route, il y a la tenue, d'ici à demain, d'une rencontre pour évaluer le processus de la conférence, la mise en place d'un plan de communication pour les besoins de vulgarisation et d'une commission qui se chargera des contacts avec les partis en indiquant, toutefois, que l'agenda nécessitera du temps pour être mis en place.