Les employés de l'EPMC (Entreprise publique de matériaux de construction) à Tamanrasset ont observé, dimanche dernier, un sit-in devant les sièges de la wilaya et de l'APW de Tamanrasset, en signe de protestation contre la décision de justice portant sur la saisie du matériel de l'entreprise pour le revendre aux enchères afin de payer les factures cumulées auprès des entrepreneurs sous-traitants. En arborant des écriteaux où l'on pouvait lire "Quel avenir pour nos familles, pourquoi la vente du matériel ? C'est qui le responsable?", "Où sont passés les autorités locales et les élus pour défendre les droits des travailleurs et la stabilité de l'entreprise ?", "Oui pour l'ouverture d'une enquête sur la corruption qui gangrène l'entreprise" et "Non à la hogra" (l'avanie), les protestataires ont fait part de graves révélations sur "les modalités de passation de commande et sur l'établissement des factures de complaisance" à l'exemple de ce qui s'est passé au chantier des 100 logements où l'on aurait fait des attachements de travaux qui ne sont même pas réalisés. Les employés affirment que "l'entreprise en charge du projet en question aurait facturé des travaux de peinture alors le crépissage des murs bâtis n'est pas encore fini. C'est du vol !". La vente "illégale" des matériaux destinés aux autres chantiers de l'entreprise, dont le ciment, le fer et le carrelage, a également été signalée par les travailleurs qui réclament à l'administration les justificatifs d'entrée et de sortie de ces matériaux pour "faire comprendre à l'opinion publique la gravité de la situation et la complicité de ceux qui souhaitent la liquidation de l'entreprise. On exige une commission d'enquête approfondie pour démasquer la bande de mafieux qui se sucre sur le dos des travailleurs. L'affaire doit être prise au sérieux, notamment concernant les conventions conclues avec des sous-traitants pour la location des engins de l'entreprise et qui ne sont récupérés qu'une fois réformés, à l'exemple du concasseur, de la centrale à béton et du matériel loué à Tiririne au profit d'un entrepreneur qui s'est arrogé le droit de les louer encore", fulminent-ils. L'action des employés est également motivée par le retard accusé dans le paiement des arriérés de salaires et des primes accumulées depuis 2016. Pour avoir la version de l'administration, nous avons à notre tour contacté le P-DG de la filiale, Farid Benyeken. Ce dernier a démenti formellement les allégations des grévistes. Pour ce qui est de la saisie du matériel, il a tenu à expliquer qu'il s'agit "d'une décision de justice et personne ne peut la remettre en cause. On a essayé de convaincre les employés que nous sommes en train de faire les procédures nécessaires pour aboutir à une solution qui évitera à l'entreprise la vente de son matériel et permettra de payer les salaires des travailleurs". RABAH KARECHE