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Oran : le "hirak" à l'épreuve de la répression
Chronique d'une stratégie d'étouffement du mouvement
Publié dans Liberté le 02 - 07 - 2019

D'aucuns pensaient que la chasse aux porteurs de l'emblème amazigh porterait un coup au moral des manifestants, mais il n'en fut rien, puisque le vendredi 28 juin, ils étaient encore nombreux à défiler pour réclamer le départ du pouvoir et réitérer leur détermination à continuer le combat.
Depuis le début du mouvement de contestation le vendredi 22 février 2019, une quarantaine d'interpellations ont été opérées par les services de la police à Oran, parfois dans des conditions très décriées par les défenseurs des droits de l'Homme. Jusqu'à aujourd'hui, sept personnes font l'objet de poursuites judiciaires, essentiellement pour avoir osé brandir l'étendard amazigh désigné par Ahmed Gaïd Salah comme une "menace à l'intégrité territoriale" et ses porteurs comme facteurs de division. Les premières arrestations remontent au vendredi 24 mai, trois mois après le départ des manifestations, avec l'interpellation d'Abdelkrim Rahmouni et d'Abdellah Djillali, deux jeunes qui avaient pris l'habitude d'installer leur matériel audio place Zabana pour animer les rassemblements du vendredi.
Après un examen de situation et un interrogatoire sur leur appartenance politique, ils ont été relâchés au milieu de la nuit. Présentés le surlendemain devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel, ils seront remis en liberté, au grand soulagement des manifestants venus exiger leur libération. "Aucune charge n'a été retenue contre eux. Ils n'ont même pas été présentés devant le procureur de la République, le parquet ayant sans doute estimé qu'ils n'avaient commis aucun délit. D'ailleurs, aucune plainte n'avait été déposée comme on l'avait un moment supposé", a expliqué l'avocat de la défense. Beaucoup avaient vu dans cette interpellation les prémices d'une répression destinée à infléchir, voire casser la dynamique d'un mouvement pacifique qui refusait de troquer l'abdication du pouvoir contre des concessions, fussent-elles le démembrement du clan Bouteflika et la promesse d'une lutte acharnée contre la corruption.
L'artifice du drapeau amazigh
Un mois plus tard, soit le vendredi 21 juin, au lendemain de la décision de Gaïd Salah d'interdire tout autre drapeau que l'emblème national dans les manifestations, la police opère une vaste opération d'interpellations de porteurs du drapeau amazigh : une vingtaine de marcheurs seront interpellés avant d'être relâchés sous la pression des manifestants. "Les interpellations ont ciblé des personnes isolées qui se rendaient sur les lieux des rassemblements ou à la fin de la marche vers 17h30", confirmera un animateur du hirak. Dans un communiqué, le bureau d'Oran de la Laddh dénoncera "une tentative désespérée des services de police de réprimer, de manière arbitraire, les porteurs de l'étendard amazigh, et cela, à la suite des ordres contenus dans le discours du chef d'état-major à qui la Constitution ne donne pas cette prérogative".
Quatre personnes, dont un revendeur de drapeaux, seront présentées le 24 juin devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel pour répondre de l'accusation d'atteinte à l'intégrité nationale — en l'absence d'un article de loi interdisant le port de drapeau amazigh, c'est l'article 79 du code pénal qui est ainsi utilisé. Trois seront mis sous contrôle judiciaire tandis que le revendeur de drapeaux, poursuivi dans le cadre d'une autre affaire de droit commun, sera placé sous mandat de dépôt. Là encore, la mobilisation citoyenne n'a pas failli puisqu'un rassemblement a été organisé par des Oranais devant le tribunal correctionnel pour exiger la libération des quatre hommes.
"On m'a littéralement braqué"
Deux jours plus tard, deux autres manifestants, également interpellés puis relâchés le précédent vendredi, seront présentés devant le tribunal de Cité Djamel pour répondre de la même accusation. Si Afifi Abderrahmane, jeune étudiant à l'université de Belgaïd, s'est présenté de lui-même au siège de la sûreté de wilaya, dans la matinée du même jour, il en est autrement d'Abdelhadi Abbès qui avait été arrêté la veille, alors qu'il rentrait chez lui en compagnie de ses neveux de 4 et 6 ans : "On m'a littéralement braqué à la fin du Forum politique du 1er Novembre. Un policier a grimpé sur le siège passager et m'a ordonné de me rendre à la sûreté de wilaya. J'ai demandé de ramener d'abord les enfants à la maison, mais il a refusé." Résultat : les enfants ont été retenus au commissariat central pendant plusieurs heures, ce qui n'a pas manqué de générer un traumatisme selon leur mère. "Ils ont été très choqués et je vais porter plainte devant la justice", a-t-elle déclaré en substance lors de la présentation de son frère.
Devant la pression populaire, qui s'est sensiblement accentuée en raison des conditions d'interpellation d'Abdelhadi Abbès, le juge d'instruction a préféré remettre les deux manifestants en liberté provisoire. "Nous avons saisi le procureur de la République sur les conditions d'arrestation d'Abbès et du traumatisme causé à ses neveux. Le magistrat s'est engagé à ordonner une enquête pour faire la lumière sur ces graves dépassements", a déclaré l'un des avocats à la sortie du tribunal. À cette occasion, un collectif de défense des "hirakistes", composé de 11 avocats, a été constitué. "Nous défendrons bénévolement tout manifestant qui sera arrêté dans le cadre du mouvement", a déclaré l'un des avocats en souhaitant que d'autres robes noires rejoignent le collectif.
Mobilisation citoyenne raffermie
Le lendemain, jeudi 27 juin, un autre citoyen est interpellé pour avoir… étendu l'étendard amazigh sur le balcon de son domicile à l'USTO. "De passage, des policiers qui ont aperçu le drapeau, se sont empressés de l'arrêter et de le présenter devant la justice. Cela devient ridicule", a commenté un membre du collectif des avocats après la mise sous contrôle judiciaire de son client. On aurait pu croire que la chasse aux porteurs de l'emblème amazigh porterait un coup au moral des manifestants, il n'en a rien été : le vendredi 28 juin, ils ont été encore très nombreux à défiler à Oran pour réclamer le départ du pouvoir, dénoncer l'arbitraire et réitérer leur détermination à continuer le combat.
Il y en a même qui ont bravé l'interdit en portant haut le drapeau berbère tandis que des femmes ont marché en tenue traditionnelle kabyle. Mais comme il fallait s'y attendre, une nouvelle répression policière s'est abattue sur le mouvement à la fin de la marche, et neuf personnes ont été interpellées et conduites au siège de la sûreté de wilaya, avant d'être relâchées sous la pression populaire. On ignore si des procédures judiciaires seront engagées ou non — une possibilité à ne pas écarter —, l'on sait, en revanche, qu'après plus de quatre mois de mobilisation, les Oranais ne lâcheront pas prise.

S. Ould Ali


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