Âgé et malade, le président tunisien est au cœur de violentes charges politiques en Tunisie, à la veille d'élections générales déterminantes pour ce pays. Le refus du président tunisien Béji Caïd Essebsi de ratifier la nouvelle loi électorale a provoqué un tollé à Tunis, où des partis et personnalités politiques ont dénoncé sa décision, à la veille du triple scrutin présidentiel, législatif et local, prévu en automne. Pour eux, le chef d'Etat est otage des rivalités et conflits qui secouent son propre parti, Nidaa Tounès, et au sein du palais de la Kasbah (gouvernement). Pour le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, la lutte des clans au sommet de l'Etat motive la décision du président. "Le président de la République, dans sa guerre avec la Kasbah, sait que ce projet de loi (électorale) ne touchera pas ses amis ou alliés politiques, notamment les candidats indépendants, que le chef du gouvernement Youssef Chahed voient d'un mauvais œil et comme un danger pour la jeune démocratie tunisienne. Ce pourquoi il ne l'a pas ratifié", a-t-il déclaré sur les ondes de la radio tunisienne Mosaïque FM, accusant ouvertement Essebsi d'être "le principal responsable de l'état dans lequel se trouve aujourd'hui le pays". Emboîtant le pas à M. Hammami, le président du mouvement Machrou Tounès, Mohsen Marzouk, a sévèrement critique la démarche du chef de l'Etat. Dans un post publié à chaud samedi soir sur les réseaux sociaux, M. Marzouk a affirmé que "Béji Caïd Essebsi n'a pas le droit de ne pas sceller la loi électorale", expliquant que "le président avait le choix de le renvoyer au Parlement ou d'organiser un référendum, si le texte ne lui plaisait pas". Mais "le président n'a rien fait de cela. Ce pourquoi, constitutionnellement parlant, il était de son devoir de le ratifier. Et aujourd'hui, il s'est mis dans l'illégalité et en dehors de la Constitution", a-t-il ajouté sur son compte facebook. Mohsen Marzouk a accusé le président de la République de s'aligner sur des choix familiaux et claniques au lieu de privilégier celui de la sauvegarde de l'Etat. "Lorsque nous faisons un choix entre l'Etat et la mafia familiale, notre choix est clair et simple. Sans calculs, nous avons été les premiers à rejeter cette confusion, et aujourd'hui nous n'allons pas changer d'avis", a-t-il affirmé sans détour dans son post. Alors que le pays s'apprête à organiser d'importantes élections présidentielles, en automne prochain, la Tunisie est contrainte de s'appuyer sur l'ancien texte, très contesté. Mais le nouveau texte soulève aussi beaucoup de controverses et a été au cœur d'une bataille houleuse au Parlement tunisien. Certains amendements votés à l'assemblée nationale éliminent de fait certains partis et dirigeants politiques de la course électorale. Le projet de modification de cette loi avait été proposé par la nouvelle coalition parlementaire pro-Youssef Chahed, l'actuel chef du gouvernement qui s'est allié avec le parti islamiste Ennahdha, après son départ du parti au pouvoir Nidaa Tounès. Par ailleurs, le leader du parti islamiste, Rached Ghannouchi (78 ans), sera officiellement le candidat d'Ennahdha aux législatives du 6 octobre prochain à Tunis, a annoncé son porte-parole, cité par Reuters.