"Cinéma de la transition en 20 affiches", telle est la thématique d'une exposition fort intéressante qu'abrite la Cinémathèque algérienne depuis le 16 juillet. Organisée par l'Institut Cervantès d'Alger, cette manifestation ne célèbre pas seulement le 7e art espagnol, mais se veut une ode à la liberté, celle de ces réalisateurs tels qu'Almodovar ou Saura, qui ont bravé la dictature militaire pour raconter les travers de la société franquiste. Les affiches exposées sont celles notamment des œuvres Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier ou encore Canciones para después de una guerra, un documentaire de Basilio Martín Patino, sur l'Espagne de l'après-guerre réalisé en 1971, et sorti en 1976, après la mort de Francisco Franco. Présent au vernissage, le directeur de l'Institut Cervantès, Antonio Gil de Carrasco, a indiqué au sujet du cinéma de transition que "c'est un cinéma de liberté. Il y a 40 ans, les cinéastes ont commencé à contourner la censure dans leurs œuvres. Tous les films de cette époque exprimaient l'atmosphère lourde dans laquelle vivait l'Espagne sous la dictature de Franco". Tout en précisant : "Au temps de la dictature franquiste, il était impossible de réaliser des films qui traitent de politique ou de violence. Le cinéma de transition est passé d'un cinéma dédié à la chanson populaire et religieuse, à une tribune qui aborde les courants de liberté qui commençaient à traverser la société espagnole." À cet effet, il a cité pour exemple Anna et les loups (1973) de Carlos Saura. "Cette œuvre réalisée il y a 45 ans reste encore aujourd'hui très forte et intense. Saura démontre qu'en Espagne (des années 1970), il y a une certaine démocratie et une liberté d'expression pour aborder des sujets lourds de sens. Alors que peu d'années auparavant, il était impossible de faire un film avec cette liberté de ton." Afin de rehausser le vernissage, Anna et les loups a été projeté en version 35 mm, au bonheur des cinéphiles présents. Poignant, ce long métrage n'a pas pris une ride et reste d'actualité. C'est l'histoire d'Anna (Geraldine Chaplin), une gouvernante qui débarque chez une famille bourgeoise. Sur place, elle découvre les trois frères : Fernando l'ermite, Juan père de famille et coureur de jupons, ainsi que Jose le militaire. Séduits par la jeune fille, chacun d'eux tente à sa manière de la charmer comme des loups affamés. Entre situations rocambolesques quasi irréelles, Saura dépeint avec finesse l'Espagne franquiste, et ce, avec beaucoup d'humour, de violence et d'érotisme ; des ingrédients fort interdits à cette époque-là. Pour rappel, "Cinéma de la transition en 20 affiches" est visible à la cinémathèque jusqu'au 31 juillet. R. C.