Jusqu'à une époque récente, les steppes à alfa assuraient la transition entre les groupements forestiers et les groupements steppiques. Durant les années 70, les surfaces occupées par l'alfa dans la wilaya de Tlemcen étaient très larges. La production était de l'ordre de 10 tonnes par hectare. À l'époque, cette plante jouait un rôle important dans l'industrie du papier et dans l'économie régionale. Aujourd'hui, l'alfa a disparu. Détruite suite aux aléas climatiques, mais aussi en raison de l'exploitation démesurée par l'homme et du cheptel durant des décennies, cette espèce végétale qui jouait un rôle fondamental dans la protection et le maintien de l'équilibre écologique et de l'écosystème, est rasée de la carte.Ce parcours naturel, estimé à 165 000 hectares, est victime de la sécheresse, du défrichement illicite pratiqué par des agriculteurs et du cheptel. La nappe alfatière s'est ainsi complètement rétrécie. Le peu qui en reste est ciblé par les arracheurs pour cueillir la quantité nécessaire pour la confection de nattes ou de produits de vannerie. La disparition de l'alfa a provoqué la désertification, devenue aujourd'hui une problématique environnementale majeure. Elle résulte d'un déséquilibre dans les interactions dynamiques entre plusieurs éléments dans l'écosystème, le climat, le sol, la végétation et l'homme. C'est un état qui s'installe sous les effets conjugués des modifications climatiques et des activités humaines appliquées à des sols et des végétations fragiles.Selon la Conservation des forêts, les activités humaines sont la raison majeure du déclenchement du processus de désertification sur les terres vulnérables. Ces activités humaines sont multiples et variables selon les régions, les types de sociétés, les stratégies d'occupation et d'utilisation de l'espace et les technologies mises en œuvre. "Dans l'écosystème steppique algérien, la désertification est le phénomène le plus spectaculaire qu'a connu la population ces dernières années. La progression rapide de l'ensablement concerne la quasi-totalité du territoire menaçant ainsi oasis, terres agricoles, parcours, agglomérations, infrastructures, routes, points d'eau", a-t-on souligné. La même source fera remarquer que les causes principales de la désertification dans la steppe sont le surpâturage, le défrichement, l'éradication des espèces ligneuses et différentes causes naturelles. Toutes les conséquences de ce processus se traduisent par la réduction des nappes alfatières avec une diminution notoire des disponibilités fourragères. Malgré des actions de sensibilisation et la mise en œuvre d'un programme spécial pour lutter contre le processus de désertification qui a atteint un seuil critique, menaçant sérieusement la région de Tlemcen, l'objectif n'est pas encore atteint.
