La campagne de mobilisation anti-Sissi se poursuit sur les réseaux sociaux. Les appels se multiplient pour une manifestation d'un million de personnes au Caire vendredi. Pas moins de 272 personnes ont été arrêtées depuis vendredi soir en Egypte, dans le sillage des manifestations demandant au président Abdel-Fattah al-Sissi de quitter le pouvoir, ont alerté hier les organisations des droits de l'homme. Parmi les personnes arrêtées, il y a 38 femmes, selon les mêmes sources qui se basent sur les plaintes reçues de la part des familles des manifestants interpellés au Caire et dans les autres grandes villes du pays, où les Egyptiens sortent manifester tous les soirs depuis vendredi. Rien que dans la capitale, plus de 160 manifestants ont été arrêtés, a indiqué hier la Commission égyptiennes pour les droits et les libertés (ECRF). L'ECRF a demandé aux autorités égyptiennes de libérer immédiatement les manifestants arrêtés, dont des militants très actifs sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Mais ces chiffres risquent d'être encore plus élevés, car d'autres manifestants et animateurs de la société civile sont aussi arrêtés en dehors de ces manifestations, dont la majorité se déroule de nuit au Caire, à Alexandrie et à Suez, pour ne citer que ces trois grandes villes, où les forces de sécurité ont usé de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène pour disperser une foule de manifestants de plus en plus importante. De nombreuses vidéos partagées par des Egyptiens et filmées à partir de leurs maisons témoignent de la brutalité policière envers des manifestants déterminés à reprendre le combat pour la liberté à la place Tahrir, symbole de la révolution de 2011 contre l'ancien président déchu Hosni Moubarak. Hier, la justice a reporté la tenue des audiences liées aux procès politiques concernant l'affaire de l'assassinat du procureur général, Hicham Barakat, en juin 2015 dans un attentat au Caire. Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire et sont en attente de jugement, pour leur présumée implication et appartenance à la branche égyptienne de l'autoproclamé Etat islamique, très active dans le Sinaï. Et ce sont, entre autres, ces arrestations en masse de militants islamistes et d'autres militants de la mouvance démocratique et de défense des droits de l'homme, qui ont alimenté la colère des Egyptiens, dont les espaces de liberté n'ont cessé de rétrécir depuis l'arrivée d'Al-Sissi au pouvoir. Aujourd'hui, le mur de la peur a été brisé et les Egyptiens semblent prêts à reprendre ce pourquoi ils sont sortis en 2011, même si les militaires ne semblent pas prédisposés à lâcher Abdel-Fattah al-Sissi. L'ancien maréchal, à l'origine de la destitution du défunt président islamiste Mohamed Morsi en 2012, a fait voter, à un Parlement acquis, un projet d'amendement de la Constitution lui permettant une prolongation pour rester au pouvoir jusqu'en 2030.