Le village Taddart Oufella d'Aït Oumalou a été le théâtre, du 26 au 28 septembre dernier, de la seconde édition de "L'été en poésie et en musique", dédiée cette année à "l'apport de la chanson engagée dans le combat démocratique". Selon l'organisateur Malek Amirouche, dans un compte rendu adressé à notre rédaction, la parole a été donnée, trois jours durant à la place Tissirt, à une brochette de poètes, chanteurs, écrivains et universitaires, qui sont revenus sur le rôle des arts dans la prise de conscience des peuples. Yacine, Alloula, Azem, Mammeri, Mohand U M'hand ou encore Mohya, ont légué, à travers leur théâtre, poésie, littérature ou musique, un socle d'engagement, de résistance et de liberté, ont relevé les intervenants. Dans son intervention, Omar Fatmouche a rappelé le rôle important de la chanson, qui "a toujours accompagné le théâtre depuis son existence en Algérie, plus particulièrement en Afrique du Nord et au Maghreb central". Et au dramaturge d'ajouter : "Depuis les années 20, la chanson engagée, dans toutes ses formes d'expressions thématiques, a toujours accompagné le théâtre de Mahieddine Bachetarzi, Rachid Ksentini, Alloula, Bachedjarah Djelloul ainsi que les pièces du théâtre radiophonique animées par Mohamed Hilmi et Cheikh Nourredine." Plus tard, Yacine et Alloula feront de la chanson engagée un élément crucial de leurs pièces, avec la présence permanente des musiciens Smaïl Habbar et Himour Mohamed. Pour le chanteur Karim Abranis, ce sont "les conditions sociopolitiques et l'ostracisme du régime qui font que les chanteurs dénoncent l'injustice et le déni identitaire". Belaïd Tagrawla est aussi revenu sur la genèse de la chanson engagée kabyle et la vague des années 60 "qui a porté la revendication identitaire à bras-le-corps, à l'image du groupe Abranis, Ferhat ou encore Idir". La femme également a grandement contribué à la construction de ce patrimoine poétique. "Ces poèmes étaient déclamés pour galvaniser les moudjahidine lors de leurs passages dans les villages", a déclaré dans son intervention le chercheur Ramdane Lasheb. Si sa fonction était de "remonter le moral des troupes", au fil du temps ce patrimoine oral a acquis "une fonction historique et linguistique". Hocine Ouahioune, Ferroudja Saïdani, Fayza Stambouli Acitani ou encore Rachid Rezagui ont marqué leurs passages par des déclamations de poèmes, des acwiq et des chansons en reprenant leurs propres œuvres et celles de notre patrimoine littéraire et musical.