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Déclaration sur la situation politique actuelle
Initiative pour une sortie de crise
Publié dans Liberté le 16 - 10 - 2019

Convaincues que la démarche du pouvoir ne peut solutionner la crise, des personnalités, dont la plupart ont une implication active dans le "hirak" notamment à travers l'animation d'initiatives politiques ou des prises de position, invitent, dans ce manifeste, à l'effort pour la construction d'un consensus autour d'une vraie transition. L'appel s'adresse surtout au pouvoir qui met plein cap sur l'élection présidentielle du 12 décembre.
Le blocage politique actuel dans lequel se retrouve le pays n'est autre que la conséquence des méthodes d'un pouvoir personnel qui a toujours compté sur la fraude dans toutes les consultations populaires pour proclamer des résultats programmés à l'avance. Malgré cela, ces méthodes n'ont pas réussi à cacher la défiance du peuple et sa perte de confiance dans la capacité de ses gouvernants à changer la réalité. Bien au contraire, celle-ci s'aggravait encore davantage après chaque parodie électorale.
Aujourd'hui, force est de constater que parmi les résultats les plus manifestes de cette confiscation de la volonté populaire, le renforcement de la mainmise du pouvoir sur la vie politique, et sa persistance à vider les institutions nationales de leurs fonctions vitales, y compris celle du contrôle, et à écarter le peuple de l'exercice de sa mission principale qui est d'assurer la légitimité du pouvoir et de préserver la souveraineté nationale sacrée.
La poursuite de la mobilisation populaire et sa détermination à satisfaire ses revendications légitimes pour l'instauration de la souveraineté du peuple sur l'Etat et ses institutions indiquent clairement que le processus enclenché le 22 février ne s'est pas seulement limité à l'empêchement du 5e mandat, mais il s'est étendu au rejet des pratiques ayant conduit le pays à la situation que nous vivons. Cette détermination exprime aussi l'aspiration à l'ouverture d'une ère nouvelle qui verra la mise en place d'un Etat de droit selon les critères contenus dans la Proclamation du 1er Novembre 1954.
Durant les huit mois de son existence, ce mouvement populaire est resté dans cette voie, sans reculer ou faiblir, ne faisant cas au passage, ni de ceux qui sèment le doute dans sa capacité, ni de ceux, dans ses rangs, qui changent de chemin en cours de route, ni enfin de ceux qui tentent de l'instrumentaliser, de le démobiliser ou de parier sur son essoufflement. De nombreuses initiatives ont été lancées sous différentes formes, émanant de partis politiques, de personnalités nationales, d'associations et de forums. Toutes ces initiatives ont été ignorées par les autorités.
Le système politique a répondu au harak conformément à ses anciennes pratiques, pensant à tort qu'il ne s'agissait là que d'un événement conjoncturel. C'est pourquoi, il s'est contenté d'orienter les regards vers la lutte contre la corruption pour atténuer la colère populaire. Il est clair que la lutte contre ce fléau, quand bien même elle serait capitale, nécessite d'abord la lutte contre l'autoritarisme politique à travers l'instauration d'un système démocratique basé sur l'alternance au pouvoir, la séparation des pouvoirs, le respect de l'indépendance de la justice, des droits de l'Homme, et des libertés individuelles et collectives.
Elaborer une vision nouvelle
Il n'est nullement de la responsabilité du harak populaire de fournir des solutions politiques toutes prêtes pour une transition d'une période qui a trop duré à une ère dont l'avènement s'annonce difficile. Sa tâche principale consiste plutôt à modifier l'équilibre des rapports de force sur le terrain, pour permettre aux élites nationales, toutes spécificités confondues, d'élaborer une vision nouvelle complète d'un nouveau système de gouvernance qui repose sur le respect de la souveraineté du peuple à choisir ses représentants pour conduire les affaires de l'Etat et de la société.
Par cette vision objective, la majorité du peuple ne rejette pas de façon absolue les élections présidentielles car sa position s'érige sur de fortes convictions qu'elle partage, d'ailleurs, avec ceux qui se sont montrés au départ enthousiastes. Les uns et les autres ont évalué à sa juste mesure, la réalité du pouvoir. Celui-ci conserve encore sans partage, l'exclusivité de la gestion de la chose politique qui comporte dans son essence une mentalité tutélaire en opposition totale avec la Constitution dans la définition même du concept de la souveraineté populaire.
Et pour cause. La Constitution est devenue par la force des choses le jeu préféré du pouvoir auquel il recourt, tantôt en procédant à l'interprétation restrictive de ses dispositions pour rejeter toute thèse qui prône un véritable changement, tantôt en se permettant une large interprétation de ses dispositions en fonction de ses exigences et besoins. Ainsi, cette loi fondamentale n'est-elle plus un terrain d'entente et un toit protecteur pour toute la société.
Rien d'étonnant dès lors qu'elle devienne un simple moyen entre les mains des détenteurs du pouvoir et un instrument pour freiner toute dynamique de changement pacifique. Le pouvoir n'a trouvé d'autre issue à sa crise chronique que de tenter, au nom de la légitimité constitutionnelle, un passage en force vers des élections, et de persister en imposant sa main de fer pour consolider sa tutelle permanente sur le peuple.
Un passage en force
C'est par cette démarche qu'a été mise en place la "commission nationale" du dialogue pour appliquer une feuille de route sans dialogue réel et sérieux. Aujourd'hui, le résultat est là : la création de l'Autorité nationale indépendante des élections s'est faite sans accord consensuel avec les acteurs politiques et les élites sociales. Ce faisant, le nouveau-né a perdu toute indépendance rien que par la désignation publique scandaleuse de ses membres Il aurait été plus juste de lui attribuer la prérogative de la convocation du corps électoral si elle était effectivement consensuelle et indépendante.
En dépit de toutes ces données qui dénotent clairement une volonté politique de répondre sélectivement aux revendications légitimes du harak, nous continuerons d'espérer en la possibilité de parvenir à la solution de la crise politique actuelle. D'où notre appel à la poursuite du harak, tout en saluant le degré élevé de conscience des manifestants pour leur pacifisme qui, par sa qualité d'acquis civilisationnel, soulève l'admiration de par le monde.
En contrepartie, le pouvoir doit prendre les mesures d'apaisement suivantes pour réunir les conditions nécessaires au déroulement libre et transparent du prochain scrutin :
- satisfaction des revendications relatives au départ des symboles restant du pouvoir déchu, et démantèlement des réseaux de la corruption sous toutes ses formes.
- libération immédiate et sans condition des détenus d'opinion : jeunes et moins jeunes, étudiants et activistes du harak.
- respect du droit constitutionnel de manifester pacifiquement, levée de toute entrave à l'action politique et à la liberté d'expression dans tous les médias, notamment l'espace audiovisuel public et privé.
- levée des entraves aux marches populaires pacifiques et à l'accès à la capitale.
- cessation des poursuites et des arrestations illégales d'activistes politiques.
- invitation à un dialogue sérieux et responsable de toutes les parties favorables à ces revendications.
Autant nous insistons sur ces mesures préalables pour ouvrir la voie à une solution politique durable, autant nous invitons toutes les tendances du harak à plus de retenue et de vigilance afin d'éviter tout slogan attentatoire aux personnes et aux institutions, et d'exclure tout ce qui constitue une source de fitna ou de haine préjudiciables à l'unité nationale.
Nous ne pouvons concevoir la prochaine échéance présidentielle que comme le couronnement d'un dialogue aboutissant à un consensus. Notre pays a, en effet, besoin de l'apport de tous ses enfants pour élaborer une vision commune dont l'objet ne sera nullement de reconduire le régime actuel même sous un habillage nouveau, mais d'être le point de départ d'une vie politique nouvelle dans le cadre d'une unité nationale renforcée par sa diversité politique et culturelle, et qui dissipe toute crainte de l'institution militaire d'une autorité civile constitutionnelle. Il est certain qu'une entente de cette importance et un consensus de ce niveau épargneront au pays les risques de l'enlisement, et lui permettront de faire solidairement un saut qualitatif et non en rangs dispersés.
Autrement dit, s'aventurer à organiser des élections présidentielles comme annoncées, sans consensus national préalable, attisera le mécontentement populaire et aggravera la crise de légitimité du pouvoir. Bien plus, cette décision pourrait servir de prétexte aux immixtions étrangères que nous refusons avec force dans tous les cas et sous n'importe quelle forme. Il est donc inconcevable d'envisager la tenue d'élections libres et transparentes dans de pareilles circonstances.
Par conséquent, nous invitons le pouvoir de fait à procéder avec sagesse et objectivité, à une nouvelle lecture de la réalité afin de ne pas contrecarrer les revendications légitimes du peuple en faveur d'un changement pacifique des mécanismes et des pratiques de gouvernance, et pour ne pas frustrer les générations de l'indépendance emplies de patriotisme, de l'exercice de leur droit à l'édification d'un Etat moderne dans l'esprit rassembleur du 1er Novembre. C'est précisément cet esprit qui nous anime toujours, à la veille de la célébration de l'anniversaire de notre glorieuse Révolution dont les valeurs de militantisme, d'abnégation et de rassemblement doivent nous guider pour rester fidèles au message de nos valeureux martyrs.

Alger, le 15 octobre 2019
Les premiers signataires
1- Ahmed Taleb-Ibrahimi
2- Abdenour Ali-Yahia
3- Ahmed Benbitour
4- Ali Benmohamed
5- Abelaziz Rahabi
6- Noureddine Benissad (Laddh)
7- Sadek Dziri (Syndicat national du personnel de l'éducation et de la formation, Unpef)
8- Dr Iliès Mrabet (Syndicat national des praticiens de la santé publique, SNPSP)
9- Dr Arezki Ferrad (historien)
10- Cheïkh Hédi Hassani (association des Oulémas)
11- Dr Nacer Djabi (sociologue)
12- Louisa Aït-Hamadouche (prof. à l'univ. d'Alger)
13- Dr Farida Benfarrag (prof. univ. Batna)
14- Abdelghani Badi (avocat, Alger)
15- Dr El-Hadj Moussa Ben Amor (prof. univ. Alger)
16- Nacer Yahia (avocat Oran)
17)- Dr Seif el Islam Benattia (maître assistant, univ. Alger)
18)- Dr Mouslem Babaarbi (prof. univ. Ouargla)


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